Le chemsex se diffuse, notamment hors de la population gay, selon une étude
« La diffusion de certaines de ses drogues, notamment de la 3MMC » a été « significativement majorée depuis le début de l'épidémie de COVID-19 », affirme le médecin Dorian Cessa qui a mené une enquête.
Le phénomène du « chemsex » associant consommation de drogues et rapports sexuels, se diffuse en France, aggravé par la crise sanitaire, et notamment en-dehors de la population gay, souligne une étude présentée mercredi à l’Hôtel de ville de Paris.
Le chemsex, basé sur la contraction de « chemicals » (produits chimiques) et désignant le fait de consommer des produits psychotropes, notamment des drogues de synthèse, pour intensifier et prolonger les actes sexuels, « s’est largement diffusé » hors de Paris, où il est apparu à la fin des années 2000, a expliqué à l’AFP Dorian Cessa, coordinateur principal de l’étude à laquelle ont participé près de 2.800 personnes en France, dont environ 1.200 usagers et usagères.
Parmi ces derniers, « un quart ne vit pas dans les métropoles », constate le médecin en soulignant « les possibilités limitées de recours aux soins » hors des grandes zones urbaines.
Plus de 25 % des pratiquants ayant répondu au questionnaire en ligne ne sont pas des hommes ayant des rapports avec des hommes (HSH), souligne l’étude qui évoque « une possible diffusion du phénomène en dehors de sa population historique et majoritaire des HSH ».
Parmi les cathinones de synthèse (3MMC, 4MEC, NRG2…) et les autres drogues utilisées (GHB, GBL, cocaïne, kétamine, Crystal Meth, poppers, MDMA, méthamphétamine…), la 3MMC connaît récemment une « assez large diffusion en dehors des HSH », estime le Dr Cessa.
- Lire aussi : Face au chemsex, le médecin Thibaut Jedrzejewski réclame un sursaut de la communauté LGBTI+
« La diffusion de certaines de ses drogues, notamment de la 3MMC » a été « significativement majorée depuis le début de l’épidémie de COVID-19 », affirme le médecin qui le relie au « manque d’exutoire » provoqué par les confinements, pendant lesquels il a observé une hausse des consommations en solitaire.
Parmi les dangers du chemsex, l’étude souligne « des risques notables d’addiction aux substances chez plus de 80 % » des personnes. D’autres études ont démontré des risques de « repli sur soi, difficultés professionnelles, syndromes anxio dépressifs et dysfonctions sexuelles », d’altération de la conscience vis-à-vis du risque d’infections sexuellement transmissibles ou des violences sexuelles.
En parallèle de cette étude menée avec le centre d’addictologie (Csapa) lyonnais de la Croix-Rousse et le collectif queer lyonnais Plusbellelanuit, la Ville de Paris a présenté une enquête préalable à la mise en place de son plan d’information et de réduction des risques du chemsex.
Déployé dès 2022 dans la capitale, ce plan visera à mieux coordonner les actions des centres d’addictologie, de santé sexuelle, des associations, des hôpitaux et de la police.
Anne Souyris, adjointe (EELV) à la santé de la maire PS Anne Hidalgo, veut notamment « implanter des circuits chez les médecins, y compris généralistes », souvent désemparés face à des patients en souffrance.
Jean-Luc Romero-Michel, adjoint aux droits humains dont le mari est décédé d’une overdose dans un contexte de chemsex, veut « toucher tout le monde dans une vision non stigmatisante et non moralisatrice ».
Avec l’AFP
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