Suicide de Dinah : le silence assourdissant des politiques est insupportable
Suite à ce drame, vous avez entendu ou lu beaucoup de réactions de la classe politique ? Moi pas. J'ai cherché pourtant…
« Dinah était une personne intelligente, elle aimait la vie, elle voulait être présidente de la République, elle voulait faire du droit, elle voulait faire tellement de choses », a déclaré sa mère, Samira.
Mais son ambition, ses rêves, sa vie, Dinah ne pourra pas les mener à bien. L’adolescente de 14 ans s’est donnée la mort dans la suite du 4 au 5 octobre, après des années de harcèlement de la part d’un petit groupe d’élèves dans son établissement scolaire de Mulhouse.
Dinah était métisse et Dinah s’identifiait comme lesbienne. D’après les témoignages elle état pleine de vie. Dans sa classe, tout cela était visiblement insupportable.
Les insultes ont fusé selon sa mère, notamment sur un groupe WhatsApp. « Elles ont créé un groupe WhatsApp pour se moquer d’elle », confie la mère avant de se mettre à la bousculer dans les couloirs du collège et à l’insulter de “ sale lesbienne ”, “ sale intello ”, “ sale race ” ou encore “ sale métisse ” », ajoute-t-elle.
Suite à ce drame, vous avez entendu ou lu beaucoup de réactions de la classe politique ? Moi pas. J’ai cherché pourtant. Pourtant, la moindre sortie d’un candidat putatif d’extrême droite suscite des commentaires à n’en plus finir. Mais lorsqu’une adolescente se suicide après des mois et des mois de harcèlement, signalés à l’administration scolaire, ça ne fait pas la une et ne fait pas partie des sujets dignes d’être commentés par les politiques. Cette absence de réaction, je n’ose pas penser qu’elle serait dûe au profil de la victime, une jeune fille racisée et lesbienne…
Soyons juste. Jean-Michel Blanquer a réagi. Cet acte « doit nous alerter », a déclaré le ministre de l’Éducation au micro d’Europe 1. Service minimum. Doit nous alerter, c’est tout ce que vous trouvez à dire ?
De qui se moque-t-on ? Le harcèlement scolaire est un phénomène connu et massif. Dans un rapport sénatorial rendu public le 23 septembre dernier, on peut lire qu’en France, 800 000 à 1 million d’enfants sont victimes de harcèlement scolaire chaque année, ce qui représente 6 à 10 % des élèves.
Dans les cours d’école, on sait que « pédé » est une des insultes favorites et que l’éducation nationale ferme les yeux. On sait aussi que les taux de suicide sont notables chez les jeunes et que pour les personnes LGBTI+, ces taux sont beaucoup plus importants.
Selon la mère de Dinah, l’établissement scolaire aurait minimisé le harcèlement subi par la jeune fille. En début de semaine, sur le plateau de TPMP, avec un Cyril Hanouna au bord des larmes, la famille a expliqué avoir tout fait pour que les choses ne s’enveniment pas, mais face à une administration sourde, qui mettait cela sur le compte de Dinah (« votre fille, elle en fait trop »), le drame s’est produit.
Comment accepter que dans la formation initiale des enseignants, il n’y a toujours pas de formation ? Comment accepter que même dans les formations continues, l’inscription à des sensibilisations au harcèlement scolaire et au cyberharcèlement ne soit toujours pas obligatoire ?
Aujourd’hui, il y a urgence. Il n’est plus temps de se sentir « alerter ». Monsieur Blanquer, il faut agir.
Numéro national contre le harcèlement : 3020
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