L'entrepreneuse malaisienne trans Nur Sajat est « libre et en sécurité » en Australie
La millionnaire, qui dirige une entreprise de cosmétiques, a assuré que les autorités australiennes avaient promis de l'aider à s'installer dans le pays.
Une éminente entrepreneuse malaisienne trans, recherchée dans le pays à majorité musulmane pour insulte à l’islam, a indiqué mercredi qu’elle était « en sécurité, heureuse et libre » en Australie.
« L’Australie m’a choisie (…) en raison de mon cas. Je n’ai donc pas demandé (l’asile) à un autre pays », a raconté à l’AFP Nur Sajat dans une interview vidéo depuis un lieu tenu secret.
La millionnaire, qui dirige une entreprise de cosmétiques, a assuré que les autorités australiennes avaient promis de l’aider à s’installer dans le pays.
Son cas a mis en lumière les craintes concernant la détérioration du climat pour la communauté LGBTI+ en Malaisie, pays à majorité musulmane, où les autorités s’expriment de plus en plus contre l’homosexualité et cherchent à durcir les lois en la matière.
Mme Sajat a précisé que les autorités australiennes étaient en communication constante avec elle, mais n’a pas révélé comment elle s’était rendue en Australie depuis la Thaïlande au début du mois.
Le ministère australien de l’Intérieur a déclaré qu’il ne commentait pas les cas individuels pour des raisons de confidentialité.
Accusée de s’être « habillée en femme » lors d’un événement religieux en 2018, elle risque jusqu’à trois ans de prison ou une amende si elle est reconnue coupable.
Elle fait également l’objet d’accusations distinctes d’obstruction et de menaces à l’encontre d’un fonctionnaire, ce qu’elle nie.
La jeune femme de 36 ans a affirmé avoir fui en Thaïlande au début de l’année parce qu’elle « était maltraitée et traitée de manière inhumaine » par des responsables religieux en Malaisie.
Elle a ensuite été arrêtée par les autorités thaïlandaises en septembre à cause d’un passeport non valide, puis libérée sous caution.
« La décision de fuir a été ma dernière décision, parce que je n’étais pas heureuse. (Je n’étais) pas libre », a-t-elle déploré.
« Il y a la liberté et l’égalité des sexes en Australie », a ajouté Nur Sajat, qui n’a pas révélé les conditions de son séjour ni l’endroit où elle effectue sa quarantaine depuis son arrivée à Sydney (sud-est).
La Malaisie compte 32 millions d’habitants, dont plus de la moitié sont des Malais musulmans.
Le système juridique malais est double : le droit civil côtoie le droit pénal islamique et le droit de la famille applicables aux musulmans.
Citant ses projets d’avenir, la femme d’affaires a dit vouloir créer un magasin d’or et de cosmétiques.
« Je veux reconstruire mon empire commercial ici », a-t-elle déclaré.
Elle ne veut pas retourner en Malaisie car « les gens comme moi y sont maltraités et intimidés ».
Thilaga Sulathireh, cofondatrice du groupe malaisien de militant·es trans Justice for Sisters, a expliqué à l’AFP que le cas de Nur Sajat n’était pas isolé.
Selon elle, « de nombreuses personnes LGBTQI ont migré et déraciné leur vie à cause de l’environnement de plus en plus répressif en Malaisie ».
Avec l’AFP
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