L'artiste afro-américaine lesbienne Mickalene Thomas investit deux galeries parisiennes
Mickalene Thomas s'est faite connaître par ses représentations de femmes noires, souvent inspirées d'images sensuelles extraites de magazines, au travers de collages, photos et peintures.
C’est un des temps forts de cette rentrée artistique. L’artiste afro-américaine lesbienne Mickalene Thomas investit deux galeries parisiennes, Lévy Gorvy et Galerie Nathalie Obadia.
Mickalene Thomas, née le à Camden, est une peintre et photographe états-unienne.
Elle s’est faite connaître par ces représentations des femmes noires, souvent inspirées d’images sensuelles, au travers de collages, photos et peintures.
La galerie Lévy Gorvy présente cinq tableaux de grand format de Mickalene Thomas de sa série intitulée Resist ainsi qu’une nouvelle vidéo Not everything that is faced can be changed, but nothing can be changed until it is faced (Resist)*, de 2021. Elle y explore le rôle central des femmes noires dans le mouvement des droits civiques depuis les années 60 jusqu’à nos jours. On peut y voir des slogans comme « Black Lives Matter » ou encore « Racism Kills ». On y retrouve les matériaux, dont le strass, et l’utilisation par l’artiste de collages. Dans la vidéo, l’image de l’auteur et activiste noir gay James Baldwin, qui a inspiré le titre du film, est omniprésente.
Mickalene Thomas incorpore dans son travail des images des films de blaxploitation des années 70, mais aussi des images des pin-up noires de Jet Magazine dans les années 60. Pour Thomas, s’engager dans une pierre de touche culturelle comme Jet souligne son engagement déterminé envers la visibilité et les célébrations historiques et contemporaines de la Blackness, de la féminité, de la transgression et de la queerness.
À la galerie Nathalie Obadia, Thomas présente une série d’œuvres issues de sa série Jet Blue (voir photo de couverture), composées de matériaux divers comme le strass, le tissu, le papier, la peinture, la sérigraphie. Elle y célèbre la Blackness, la féminité, la transgression et la queerness.
Plusieurs tableaux sont des références directes à des peintres comme Picasso, Romare Bearden, Jacob Lawrence et Faith Ringgold mais aussi Henri Matisse.
Dans un beau portrait écrit pour le New York Times par l’autrice Angela Flournoy, Mickalene Thomas revient sur son travail artistique sur les seins des femmes. « Je pense que c’est une telle liberté de voir les seins des femmes, vous voyez ? Parce nous devons les couvrir tout le temps. Et j’aime la composition de montrer des seins dans mon travail. »
Toujours dans le New York Times, l’artiste Kehinde Wiley explique : « Elle a toujours été très douée pour prendre des matériaux humbles et les imprégner d’une sorte de noblesse ». C’est son ancien camarade de classe de Yale et un ami proche. « Et une partie de cela a à voir avec le culot assuré qui va avec. Vous savez, je ne sais pas si c’est impertinent ou arrogant, mais c’est ce genre d’attitude qui vient du fait de connaître votre propre valeur. »
En 2019, elle créé un sac pour la marque de luxe Dior et elle le fait savoir sur Instagram.
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« On vit un grand moment pour la culture noire, confiait-elle récemment au Monde, mais c’est encore tout nouveau. Il nous faut plus d’historiens de l’art, d’intellectuels et d’artistes noirs. Autrement, ce qu’on vit sera volatil, comme la mode pour les Indiens ou les Asiatiques. »
« Je n’ai pas besoin de me poser en victime pour aller de l’avant, chacun a ses problèmes, chacun fait son chemin », dit-elle encore au Monde alors qu’elle a dû attendre d’avoir 40 ans pour commencer à acquérir une certaine notoriété. Désormais sa notoriété est bien installée. Elle serait d’ailleurs pressentie pour créer le portrait officiel de Kamala Harris, première femme vice-présidente non blanche des États-Unis.
*Tout ce qui est affronté ne peut pas être changé, mais rien ne peut être changé tant qu’il n’est pas affronté (Résister)
Galerie Lévy Gorvy, 4 Passage Sainte-Avoye, 75003 Paris
Galerie Nathalie Obadia, 91, rue du Faubourg Saint-Honoré – 75008 Paris
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