Biphobie et panphobie : la dure réalité des chiffres et des faits
Les chiffres et les faits sont là : parmi les personnes bies et pans, beaucoup restent encore invisibles. Pas par choix…
Et si la dilution dans l’acronyme LGBT n’avait pas aidé les associations bies et pans à se faire entendre ?
Dans les années 80, on parlait des gays et des lesbiennes, mais aujourd’hui, beaucoup utilisent LGBT pour ne pas prononcer les mots gay, lesbienne, bi·e, trans. C’est pourquoi l’Enquête sur la biphobie et la panphobie, menée par Bi’Cause avec le Mag, Fiertés, les Actupiennes et SOS homophobie, est précieuse car elle permet de rendre visibles les personnes bies et pans et de mieux faire connaître leurs parcours et leurs expériences.
L’enquête a été diffusée durant huit mois et au 17 mai 2018, 3625 questionnaires avaient été complétés.
Les chiffres et les faits sont là : parmi les personnes bies et pans, beaucoup restent encore invisibles. Si une personne sur deux affirme en parler librement avec ses ami·e·s, quatre répondant·e·s sur cinq n’en parlent jamais avec le voisinage et plus de quatre personnes sur 10 qui travaillent le taisent à tou·te·s leurs collègues. Enfin, une sur deux n’en parlent jamais à des membres du corps médical ou paramédical.
Un point en particulier concerne les personnes grosses ou se définissant comme telles. Il existe en effet une grossophobie interne à la communauté, en particulier dans le milieu gay. Un témoignage vient appuyer ce constat : « Je ne me sens pas gros, mais objectivement, pour le milieu gay, j’ai un surpoids important ».
Parmi les hommes gros qui ont fréquenté les lieux gays, seuls 49 % disent s’y sentir à l’aise, contre 63 % des autres hommes. La différence est moins nette concernant les femmes se déclarant grosses puisque 64 % d’entre elles, ayant déjà fréquenté les lieux gays ou lesbiens, déclarent s’y sentir à l’aise ; cette proportion est de 69 % pour les personnes ne se retrouvant pas dans la binarité de genre.
Triste réalité
Les violences à l’égard des personnes bies et pan sont aussi une triste réalité. Au total, dans l’enquête, 2 491 personnes déclarent avoir été ou se sont senti·e·s agressé·e·s verbalement, soit 69 % du panel ; 358 ont été agressé·e·s physiquement, soit une personne sur dix. Enfin, 97 personnes ont été victimes d’agressions sexuelles ou viols à cause de leur orientation.
Avec cette affirmation terrible : « Je ne me suis pas fait agresser, parce que je ne suis pas visible ».
Beaucoup soulignent que cette biphobie s’exprime souvent dans les médias.
Les violences peuvent aussi avoir lieu dans le couple selon plusieurs témoignages libres envoyés avec le questionnaire.
Ces discriminations peuvent avoir un impact particulièrement important dans le domaine de la santé. Un quart des répondant·e·s n’ont pas su ou osé imposer une protection à leur partenaire par peur d’être discriminé·e·s, rejeté·e·s, par manque de confiance en soi, vis-à-vis de leur orientation sexuelle. Près de sept répondant·e·s sur dix ayant été victimes de rejets, discriminations en raison de leur orientation sexuelle et/ou affective/romantique, déclarent que cela a eu une conséquence sur leur moral ou santé mentale, avec une moyenne de 77 % pour les personnes trans, racisées, grosses, en situation de handicap, neuro-atypiques ou précarisées ou pauvres.
Et tout aussi grave, 14 % des répondant·e·s en ont déjà eu des discriminations une ou plusieurs fois de la part du corps médical.
Il serait temps que les pouvoirs publics fassent le travail d’information, de prévention et de soutien. Et que dans la communauté LGBT, le vécu des personnes bies et pans soit – enfin – mieux reconnu.
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