Appel à la France pour accueillir un avion de 145 Afghan·es ayant « les profils les plus à risque »
Un collectif de journalistes français·es et américain·es lance un appel au président Emmanuel Macron pour qu'il autorise l'atterrissage en France d'un avion affrété avec 145 Afghan·es, notamment des intellectuel·les, des journalistes, des archéologues, des artistes, et des personnes LGBTI+ dont certain·es sont sur des « listes noires » des talibans et « se terrent depuis trois jours ».
Le centre de recherche privé Sayara Research, « établi en Afghanistan depuis près de vingt ans », épaulé par un groupe de volontaires et de journalistes français·es et américain·es travaillant ou ayant travaillé en Afghanistan et « connaissant ce pays en profondeur », indique avoir « obtenu le financement d’un vol charter (…) grâce au soutien de plusieurs fondations privées, américaines notamment », dans une tribune publiée mercredi 18 août sur le site internet du media franceinfo.
« Notre but : évacuer d’urgence les profils les plus à risque en Afghanistan, ceux que les talibans ciblent sans relâche depuis vingt ans. Les vols commerciaux, mis à l’arrêt, ne peuvent assurer cette tâche. Certains de ces hommes et femmes sont sur des listes noires, d’autres ont déjà été ciblés par des agressions des talibans », déclarent les signataires de la tribune.
« Intellectuels, journalistes, chercheurs, sportifs, archéologues, artistes. Ils ont tous travaillé avec des étrangers, parfois pour des institutions françaises, et se terrent depuis trois jours », relèvent les signataires. Certains ont perdu « de très nombreux proches dans la course aux assassinats ciblés qui ont marqué ces deux dernières années » en Afghanistan, souligne la tribune.
« Dès que l’aéroport de Kaboul fermera et c’est une question de jours, c’est la chape de plomb qui se refermera et ce sera la traque », a affirmé mercredi soir à l’AFP Nama Vanier, gérante de Sayara Research. « On a déjà des échos d’arrestations dans les provinces de personnes ciblées », a-t-elle indiqué.
Parmi ces 145 personnes figurent aussi des « employés de Sayara, des membres de la communauté LGBT, de nombreux traducteurs et fixeurs », a-t-elle précisé.
Le vol « a reçu l’autorisation des Américains pour atterrir à Kaboul », précisent les signataires, mais « pour que l’avion décolle, nous devons obtenir une lettre d’autorisation d’atterrissage d’un pays tiers, qui acceptera les personnes avec ou sans passeport afghan. Sans cette lettre, notre avion ne pourra pas être autorisé à atterrir puis à décoller ensuite de Kaboul ».
« Il nous manque désormais une destination. Nous sollicitons le président Macron pour qu’il autorise ces 145 visages marqués par l’effroi et la terreur à atterrir en France. Avant qu’ils ne vivent cloîtrés, ou disparaissent, tout simplement », ajoutent-ils.
L’évacuation de diplomates, d’autres étranger·es et d’Afghan·es ayant travaillé avec elles et eux se poursuit mercredi dans des conditions difficiles à Kaboul, tombée aux mains des talibans. Un gigantesque pont aérien mobilise depuis dimanche une noria d’avions du monde entier, dans un aéroport pris d’assaut par les candidat·es à l’exil et dont les abords sont étroitement contrôlés par les talibans.
Avec l’AFP
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