Amsterdam : des plaques commémoratives dans une rue pour honorer les victimes gays du régime nazi
Quatre plaques pour commémorer les victimes gays et lesbiennes du régime nazi, appelées Stolpersteine, ont été installées dans une rue d’Amsterdam.
Mardi 3 août, à l’occasion de la Pride Week d’Amsterdam, quatre Stolpersteine (« pierres d’achoppement » en français) ont été posées dans une rue de la capitale néerlandaise. Ce sont des plaques en laiton encastrées dans le sol afin d’honorer la mémoire des victimes du régime nazi. Les Pays-Bas comptent environ 8 500 Stolpersteine et les quatre pierres récemment posées sont les premières à commémorer les personnes LGBTI+ assassinées pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Il y a toujours eu une discussion aux Pays-Bas sur le fait que les gays et les lesbiennes n’avaient pas vraiment été persécutés pendant la guerre », explique au Guardian Judith Schuyf, une historienne à l’origine de ce projet. « Ils ont été arrêtés parce qu’ils étaient gays ; ils ont été envoyés dans les camps parce qu’ils étaient juifs. Ils sont morts plus tôt et ils n’ont pas eu l’occasion que de nombreux Juifs ont eu de pouvoir se cacher. C’est compliqué, mais je suis sûre qu’ils ont été arrêtés parce qu’ils étaient gays ».
Parmi les personnes honorées figure l’artiste Karel Pekelharing, qui a rejoint la résistance en aidant les personnes juives à se cacher et en falsifiant leurs papiers. En mars 1944, il a participé à un raid à la prison de Weteringschans à Amsterdam pour libérer les résistant·es. Le projet a échoué et Karel Pekelharing a été arrêté et torturé, avant d’être abattu en mer du Nord en juin 1944. Une autre victime ayant une Stolpersteine est Mina Sluijter, une couturière arrêtée en juillet 1942. Sur son dossier de police, il est écrit qu’elle était « en détention pour homosexualité (…) également juive ». Elle a été assassinée à Auschwitz deux mois après son arrestation.
Au total, neuf victimes gays et lesbiennes du régime nazi ont leur Stolpersteine. Cinq autres plaques seront déposées au début du mois d’octobre à Amsterdam. Six des neuf personnes étaient juives et quatre ont participé à la résistance. La seule survivante est la cheffe d’orchestre et violoncelliste Frieda Belinfante, une résistante juive.
« Nous avons pensé qu’il était très triste que ces personnes, qui souvent n’avaient pas d’enfants, de partenaires ou de parents qui pouvaient demander un Stolperstein pour elles, aient tout simplement disparu. Nous voulions leur donner un nom », déclare Philip Tijsma, porte-parole de COC Netherlands, dans des propos recueillis par le Guardian. COC Netherlands est une association LGBTI+ fondée en 1946 par d’ancien·nes résistant·es.
Voir l’installation des quatre premières Stolpersteine a été « un moment assez émouvant », assure Philip Tijsma. « Parce que vous êtes debout devant les maisons où les personnes ont vécu jusqu’à la veille même où elles ont été transportées à Auschwitz ou à Sobibor pour être exterminées, ou ont été abattues… C’est là l’intérêt du Stolperstein ; cela rapproche l’histoire, cela la rend presque tangible, c’est là qu’ils ont marché, sur ce trottoir même ».
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rodin
Ce paradis fiscal ferait bien de soucier de ne pas être fossoyeur de l’Europe.