« Une histoire à soi », d'Amandine Gay : l'adoption internationale racontée à la première personne

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L'adoption, racontée à la première personne : la réalisatrice et militante afro-féministe Amandine Gay poursuit son projet de « réappropriation de la narration » avec « Une histoire à soi », en salles mercredi 23 juin.

« Une histoire a soi », d'Amandine Gay, en salles le 23 juin 2021 - Films du losange

L’adoption, racontée à la première personne : après avoir donné la parole à des femmes noires « issues de l’histoire coloniale », comme elle, la réalisatrice et militante afro-féministe Amandine Gay poursuit son projet de « réappropriation de la narration » avec Une histoire à soi, en salles mercredi.

Joohee, Anne-Charlotte, Céline, Niyongira… Le film aborde un sujet toujours complexe, parfois douloureux, l’adoption internationale, à travers les témoignages d’une série d’adultes âgés de 25 à 52 ans, adoptés à l’enfance au Sri Lanka, au Brésil ou au Rwanda, par des familles françaises.

Leurs récits de vie, longuement recueillis par Amandine Gay, s’entrecroisent pendant 1heure 40, illustrés à l’image par un diaporama d’archives personnelles, sans que leurs visages d’aujourd’hui n’apparaissent à l’écran.

« Je me suis construite comme une enfant blanche de l’intérieur, asiatique de l’extérieure », dira notamment l’une d’eux, Justine, 32 ans, tandis que Mathieu, né au Brésil, témoigne de sa peur enfantine que ses parents adoptifs ne l’abandonnent à leur tour, en le laissant « dans un magasin ».

L’adoption est-elle un « cadeau » fait à l’enfant, un « acte juste » ou une « déportation », comme le lâche l’un des témoins ? Après Ouvrir la voix, un film qui voulait « redonner la parole » aux femmes noires, « j’avais envie de m’intéresser à l’adoption comme sujet politique », explique à l’AFP Amandine Gay, née sous X en France en 1984 puis adoptée, qui considère que « la réappropriation de la narration » par les premiers concernés « est un acte d’émancipation ».

Elle-même a mené des travaux universitaires sur la question, et témoigne d’une « libération de la parole au sein de la communauté des adoptés, qui ces dernières années ont pu sortir de leur isolement grâce à internet » et « comprendre que ce qui leur arrive est politique ».

La réalisatrice souhaite « être une forme de catalyseur sur cette question de l’adoption », qui « permet de questionner plus largement la famille, les origines, le besoin identitaire, le fait d’avoir plusieurs parents », poursuit-elle.


Avec l’AFP