À Birmingham, des équipes de cricket LGBTI+ s'affrontent, une première mondiale
Une rencontre sportive historique s'est déroulée dimanche 13 juin dans un coin tranquille de Birmingham, dans le centre de l'Angleterre : un match de cricket entre équipes LGBTI+.
L’équipe hôte, les Birmingham Unicorns (« Licornes de Birmingham »), fondée en mars, a disputé son premier match contre le Graces Cricket Club de Londres, la seule autre équipe LGBTI+ d’Angleterre.
Pour marquer l’occasion, les joueurs ont reçu des casquettes commémoratives et posé pour une photo de groupe.
« C’est plus qu’un simple match – c’est une façon d’affirmer quelque chose », a déclaré à l’AFP le capitaine de Graces, Stuart Anthony, 43 ans. « Si tu aimes le cricket, il y a de la place pour toi. Peu importe que tu sois différent ».
Pour le fondateur des Unicorns, Lachlan Smith, 45 ans, ce match « célèbre l’inclusion, et démontre que les personnes LGBTQ peuvent avoir leur place dans le cricket ». « Il y a beaucoup de joueurs LGBTQ qui n’ont pas fait leur coming out dans leurs clubs et qui voulaient jouer avec nous parce que ça leur plaît », dit-il.
Endroit sûr
Lachlan Smith a demandé conseil à l’équipe de Graces pour créer les Unicorns avant de réaliser qu’organiser un match ensemble serait une première historique.
Le England and Wales Cricket Board (ECB), l’instance dirigeante de ce sport en Angleterre et au Pays de Galles, et l’équipe du comté local du Warwickshire ont soutenu cette initiative. Et la récente levée des restrictions liées à la pandémie de Covid-19 en Angleterre a permis d’organiser la rencontre.
Né en Australie, Lachlan Smith a grandi en jouant au cricket, avant de s’interroger sur la compatibilité de ce sport avec son orientation sexuelle. Après 15 ans loin des terrains, il lui a fallu deux ans pour se sentir capable de faire son coming out dans son club actuel.
Pour Stuart Anthony, la découverte d’une équipe de cricket incluant des joueurs LGBTI+ en 2009 a ravivé sa passion pour ce sport. Dans cette équipe, « chacun peut être soi-même », explique-t-il, décrivant un espace « merveilleux » où les joueurs se sentent en sécurité.
« Long chemin à parcourir »
Ces dernières années, l’ECB a lancé plusieurs initiatives en direction de la communauté LGBTI+. Pourtant, peu de joueurs de cricket professionnels ont fait leur coming out et les progrès pour améliorer la visibilité LGBTI+ restent en deçà de ceux réalisés dans d’autres sports comme le football ou le rugby.
Si Graces est devenue la première équipe d’Angleterre intégrant des membres LGBTI+ en 1996, 25 ans se sont écoulés avant qu’une seconde ne soit formée.
Pour Lachlan Smith, le manque de joueurs servant d’exemple à la communauté LGBTI+ et le coût de la pratique du cricket peuvent expliquer le manque de progrès. Pour lui, l’instauration de chartes visant à rendre le sport plus ouvert pourrait contribuer à régler le problème.
« Il doit y avoir de la place pour des clubs plus inclusifs. Cela n’aurait pas dû prendre 25 ans », dit-il à l’AFP. « Le cricket n’a pris au sérieux l’idée de se montrer plus inclusif que les trois à cinq dernières années ».
Stuart Anthony pense qu’il y a encore « un long chemin à parcourir » mais que les jeunes générations accepteront davantage les joueurs LGBTI+.
Pour Liz Ward, directrice des programmes à Stonewall, organisation de défense des droits des personnes LGBTI+, un match comme celui de dimanche « nous rapproche du jour où tout le monde, des joueurs aux fans, pourra être lui-même sur le terrain et en dehors ». « Plus il y aura de joueurs, de supporters, de clubs et d’organisations qui défendent l’égalité, plus vite nous éliminerons la discrimination et ferons de ce sport celui de tous », souligne-t-elle.
Le directeur général de l’ECB, Tom Harrison, a salué les efforts des deux équipes, se disant « enthousiaste à l’idée de ce match » qui va faire « tomber les barrières ».
Avec l’AFP
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