Régionales en Île-de-France : deux heures pour convaincre les électeur·trices LGBTI+
Au menu des discussions : la PMA, la prévention contre les discriminations, la santé des personnes trans... Lors d'un débat à Paris, cinq candidat·es aux régionales en Île-de-France ont tenté de convaincre les personnes LGBTI+ qu'ils et elles seraient les meilleur·es pour défendre leurs droits.
Mise à jour (3 juin) : question sur le Centre d’archives LGBTQI
Mise à jour (7 juin) : ajout de la vidéo de la retransmission du débat
Sur l’estrade, lundi 31 mai au soir, à trois semaines du premier tour des élections, ont pris place quatre têtes de liste : Clémentine Autain (LFI/PCF), Julien Bayou (EELV), Audrey Pulvar (PS), Laurent Saint-Martin (LREM). Valérie Pécresse (Libres !, ex-LR), présidente sortante d’Île-de-France et candidate à sa réélection, est représentée par le vice-président Patrick Karam.
Le Rassemblement national n’a pas été convié, en raison des positions de ce parti qui « sont contraires aux droits des personnes LGBT », expliquent les organisateurs, l’Inter-LGBT et le Centre LGBT Paris Île-de-France.
Dans la salle, Covid oblige, peu de fauteuils sont occupés. Mais le débat a été filmé et sera diffusé sur les réseaux sociaux. Les candidat·es présent·es ne se sont pas fait·es prier pour accepter l’invitation : c’est une occasion en or de se faire entendre sur des thèmes devenus incontournables dans la société.
Premier sujet, la loi bioéthique et en particulier l’extension de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires. Le projet de loi revient le 7 juin à l’Assemblée nationale. « Si vous étiez parlementaire, voteriez-vous ce texte ? », questionnent les animateurs.
Les deux premier·es à prendre la parole sont justement député·es. « C’est une avancée sociétale fondamentale. J’en suis extrêmement fier », répond Laurent Saint-Martin, de la majorité présidentielle. « C’est un thème très important pour la féministe que je suis », affirme Clémentine Autain. Mais cette promesse de campagne d’Emmanuel Macron a trop tardé, déplore-t-elle.
« Je regrette que ce ne soit pas déjà une affaire réglée », lance également Audrey Pulvar. « Pourquoi ça doit prendre trois lectures alors que sur les questions de l’ISF, c’est allé en un claquement de doigts ? », déplore Julien Bayou.
Patrick Karam est favorable à la PMA, mais il faut l’« encadrer », pour que ce ne soit pas « un premier pas vers la GPA ». « Hors sujet ! », réagit-on dans la salle.
« Un vrai enjeu politique »
Autre thème : la lutte contre les discriminations. « Quelles sont les actions à mettre en place en priorité ? », interrogent les animateurs.
Audrey Pulvar, qui se présente comme « une alliée de toujours », promet une vice-présidence dédiée aux personnes LGBTI+ et « un budget plus conséquent » pour lutter contre les discriminations.
« Nous avons mis le paquet », affirme Patrick Karam qui tente de défendre le bilan de Valérie Pécresse, face aux critiques de ses concurrents et à la réprobation de la salle. « Encore une semaine et Valérie Pécresse va faire son coming-out ! », lui lance Clémentine Autain.
Concernant les agressions LGBTphobes dans les transports, Julien Bayou veut que la région porte plainte aux côtés des victimes, « pour répondre à l’impunité ». Pour Audrey Pulvar, « il faut être beaucoup plus offensif sur la pédagogie » : les questions LGBTI+ « doivent entrer dans l’école ».
Les candidats sont questionnés sur la politique sportive. Clémentine Autain veut imposer « des critères pour accorder des subventions aux clubs », afin qu’ils s’engagent sur des valeurs pro-LGBTI+. Laurent Saint-Martin évoque les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 : « Il faut en faire un événement exemplaire sur la question ».
Sur le sujet du projet de Centre d’archives, le Collectif Archives LGBTQI avait plusieurs questions pour les candidat·es : sur le soutien financier, la mise à disposition du réseau d’expertise régional, les actions éducatives dans les lycées en partenariat avec le Collectif. Tous les candidat·es ont souligné leur soutien, en particulier financier, à ce projet.
Puis vient le thème de la santé, et le VIH qui préoccupe toujours la communauté. Pour Julien Bayou, « il faut refaire de la prévention dans les lycées. Ça a été abandonné ». Concernant les personnes trans, « on ne peut pas faire comme si le marché noir des hormones n’existait pas », relève Clémentine Autain.
L’approche du couvre-feu sonne la fin du débat. Le porte-parole de l’Inter-LGBT Matthieu Gatipon-Bachette est satisfait : « C‘est un bon signal que les têtes de liste viennent. Cela montre que (les questions LGBTI+, ndlr) représentent un vrai enjeu politique, pas un sujet connexe ».
Avec l’AFP
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