Aux assises à Paris, un jeune homme jugé en appel pour le viol d'une femme lesbienne

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En mars 2020, l'agresseur de la jeune femme avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, la peine maximale prévue en cas de viol, par la cour d'assises de la Seine-Saint-Denis.

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L’accusé, un jeune homme de 25 ans, a-t-il violé et violenté Jeanne, 35 ans, car elle était lesbienne ? La question sera au cœur d’un procès en appel qui s’ouvre mercredi devant la cour d’assises de Paris.

En mars 2020, l’agresseur de cette jeune femme (dont le prénom a été modifié à sa demande) avait été condamné à 15 ans de réclusion criminelle, la peine maximale prévue en cas de viol, par la cour d’assises de la Seine-Saint-Denis. Mais les jurés n’avaient pas retenu de caractère lesbophobe de l’agression.

Appel du verdict

L’accusé, qui avait nié toute violence lors du premier procès, avait fait appel du verdict.

En première instance, dans un réquisitoire marquant, l’avocate générale avait jugé qu’il s’agissait bien d’une « punition de l’homosexualité » destinée à « détruire » la victime et réclamé 15 ans de réclusion pour « viol en raison de l’orientation sexuelle ».

« Quatre pour cent des femmes hétérosexuelles disent avoir été victimes de viol, contre 10 % des femmes lesbiennes. On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre »

« Quatre pour cent des femmes hétérosexuelles disent avoir été victimes de viol, contre 10 % des femmes lesbiennes. On ne peut pas faire semblant de ne pas comprendre ». « Un macho est plus violent avec une lesbienne », avait elle lancé, estimant qu’on était « manifestement pas allé au bout » de la réflexion sur ces agressions dont sont victimes les femmes lesbiennes.

Les faits remontent à la nuit du 7 au 8 octobre 2017. Ce soir-là, après avoir rencontré un garçon « sympathique » place de la République à Paris, Jeanne, qui se présente comme « préférant les filles », rentre avec lui à son domicile à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

Alors qu’elle change d’avis et refuse d’avoir un rapport sexuel, elle « lit soudain la haine dans ses yeux ». Avant d’entendre cette phrase : « Ah, tu kiffes les meufs ? Je vais te faire kiffer ».

S’en était suivie une heure et demie de coups et sévices sexuels. Jusqu’à ce que son agresseur finisse par quitter l’appartement après lui avoir dérobé une chevalière et sa carte bancaire.

L’accusé, incarcéré plusieurs fois pour trafic de drogue et vol avec violences, était aussi connu de la police pour des faits d’agression sexuelle.

L’expertise médicale relèvera sur le corps de sa victime de « très nombreuses plaies sur l’ensemble du corps », « une perforation du tympan » et des ecchymoses au niveau du cou et du thorax, et lui accordera vingt jours d’incapacité totale de travail (ITT).

Sollicité par l’AFP à la veille du procès, l’avocat de la partie civile, Stéphane Maugendre, a estimé que « l’enjeu était désormais la circonstance aggravante » de la lesbophobie.

L’avocat de la défense, que l’AFP n’a pas réussi à joindre, avait lui affirmé à l’issue du premier procès que le fait que « la circonstance aggravante n’ait pas été retenue » était « une grande victoire ».

Le verdict est attendu vendredi.

Avec l’AFP