Maroc : nouveau report du procès d'un journaliste, appels à sa libération
Le maintien en détention du journaliste « établit clairement la dimension politique de l'affaire », estime son comité de soutien dans un communiqué.
Le procès du rédacteur en chef du quotidien indépendant marocain Akhbar al-Yaoum, poursuivi pour « agression sexuelle », a encore été renvoyé mardi 30 mars alors que ses avocats et soutiens réclament sa libération après dix mois de détention préventive.
Le procès devant la Cour d’appel de Casablanca a été renvoyé pour la troisième fois, a indiqué à l’AFP Me Mohamed Sadqo, précisant que la prochaine audience est prévue le 15 avril.
Soulaimane Raissouni, 48 ans, est jugé pour « attentat à la pudeur avec violence » et « séquestration », après une plainte déposée par un militant pour les droits des personnes LGBTI+.
« Procès politique »
Le journaliste a toujours nié les faits reprochés, ses soutiens affirment qu’il s’agit d’un « procès politique ».
Pendant l’audience de ce mardi, la défense a de nouveau demandé que le prévenu « soit libéré, car il n’a pas été arrêté en flagrant délit et dispose de toutes les garanties pour assister libre à son procès », a précisé Me Sadqo.
Jusqu’à présent, toutes les demandes de remise en liberté ont été rejetées.
L’avocat du plaignant, Me Omar Alouane, a fait savoir qu’il n’était pas opposé à cette remise en liberté et souhaitait un « procès équitable », son principal objectif étant de « prouver le préjudice de son client ».
Le maintien en détention du journaliste « établit clairement la dimension politique de l’affaire », estime son comité de soutien dans un communiqué.
En écho de plusieurs organisations de défense des droits humains, il s’inquiète de « l’instrumentalisation de la justice » contre « des voix critiques du pouvoir ».
Face aux critiques, les autorités insistent sur le respect des procédures judiciaires et sur l’indépendance de la justice.
Fondé en 2009, le quotidien arabophone a cessé de paraitre mi-mars, sa direction évoquant un « calvaire financier », un « harcèlement continu à travers un boycott publicitaire » et le non accès aux aides à la presse débloquées par le gouvernement pendant la crise sanitaire.
La nièce de M. Raissouni, Hajar Raissouni, journaliste au même quotidien, a écopé en 2019 d’un an de prison pour « avortement illégal » et « relation sexuelle hors mariage », avant d’être graciée.
Le directeur de journal, Taoufiq Bouachrine, a été condamné à 12 ans de prison en 2018, une peine alourdie à 15 ans en appel, pour des « violences sexuelles » qu’il a toujours niées.
Avec l’AFP
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