Un homme condamné à huit ans de prison pour le viol de Cristina
Un homme a été condamné jeudi soir par la cour d'assises de Paris à huit ans de prison pour le viol de Cristina, une travailleuse du sexe trans en situation irrégulière au Bois de Boulogne en 2018.
Cet homme de 28 ans a été reconnu coupable de « viol commis sous la menace d’une arme », pour lequel il encourait 20 ans de réclusion, « vol » et « récidive de recours à la prostitution ». Dès l’ouverture du procès mardi, il a reconnu avoir violé Cristina T., une femme péruvienne de 39 ans, sous la menace d’un couteau. Il a été condamné à huit ans de prison.
La cour a également prononcé une peine de suivi socio-judiciaire de cinq ans, avec notamment l’obligation d’exercer une activité professionnelle ou de suivre une formation à sa sortie de prison.
« Je suis très heureux que Cristina ait eu cette écoute sensible pendant ces trois jours de procès. Elle a été écoutée par la justice française », a réagi l’avocat de la partie civile, Julien Fournier.
Le parquet avait requis une peine de neuf ans de prison. Cristina T. « a vécu un viol avec violence, le couteau sur la figure, avec la peur de mourir », a résumé l’avocat général Olivier Auferil lors de ses réquisitions. Si elle n’avait pas avant ces faits « une vie enviable », elle a depuis « une vie brisée ».
Les faits se sont déroulés une nuit de novembre 2018. « Il s’est approché, il m’a demandé le prix. J’ai répondu 50 euros, il m’a dit que c’était trop cher. (…) Il m’a demandé un rabais, j’ai dit non », a-t-elle raconté mercredi à la cour, en larmes. L’accusé a ensuite brandi son couteau et lui a imposé une fellation et un rapport anal non protégés. Il lui a également volé 150 euros.
Chose rare pour une travailleuse du sexe en situation irrégulière, Cristina a déposé plainte. L’enquête a pu avancer rapidement car elle avait mémorisé la plaque d’immatriculation de l’accusé.
« Les travailleurs et travailleuses du sexe constituent des proies faciles, des cibles privilégiées pour les agresseurs sexuels. Pour certains clients, les prostituées sont une espèce de marchandise dont on peut disposer à sa guise », a déclaré l’avocat général. Les travailleuses du sexe sans papier « évitent les contacts avec la police. Les prédateurs sexuels le savent ».
Le magistrat a cependant souligné que l’accusé, détenu depuis novembre 2018, avait entamé « une prise en charge psychologique », et affiché « une prise de conscience » de la gravité de ses actes.
« Il n’a pas eu une vie facile », a-t-il relevé, évoquant son « traumatisme » après avoir fui, enfant, la guerre civile au Congo.
« Peut-on imaginer que quand à cinq ans on a eu peur pour sa vie, ça n’a aucune conséquence sur la suite ? », a questionné l’avocat de la défense, Antoine Aussedat, lors des plaidoiries. Il a mis en avant « l’évolution » de l’accusé en détention, « sa maturation porteuse d’espoir ».
Il est suivi par un psychologue une fois par semaine en détention. « J’avais enfoui de la violence en moi », a-t-il expliqué à la cour.
Avec l’AFP
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