« Queendom », trois visages drag au cœur d’un documentaire

Publié le

Cookie Kunty, Shigo LaDurée, Le Filip. Ces trois figures de la scène drag française très différentes les unes des autres sont au cœur de Queerdom, un documentaire en accès libre sur le site France TV Slash. L’occasion de découvrir Romain, Misha et Filip. 

La drag queen Cooki Kunty dans « Queendom », de Marco Novoa et Simon Vivier / capture d'écran - France TV

La scène drag reste encore mystérieuse pour beaucoup et toute l’intelligence de Queendom, visible sur la plateforme de France TV, c’est de montrer l’envers du décor au travers de portraits intimes qui permettent de comprendre sa diversité et, face à l’actualité, les difficultés de ses artistes depuis le premier confinement.

 

Romain, son truc, ce sont les caméras. Il est devenu Cookie Kunty après que sa sœur a expérimenté la discipline avant sa transition. Il prodigue ses conseils beauté dans les vidéos des Reines du make up et tourne Premier amour qui est déjà son deuxième court métrage en tant qu’actrice dans la peau de son alter ego quasi hollywoodien.

Filip ou Le Filip explore lui un terrain de jeu innovant : le stand up en forme de one-woman-show en habit de lumière.

Et Misha, 17 ans, a pris sa revanche sur des années d’école difficiles, en devenant Shigo et en intégrant la « house » LaDurée, l’une des maisons majeures de la scène ballroom parisienne. On comprend à travers son témoignage touchant à quel point le voguing, et les notions de famille choisie et de réconfort qui vont avec, lui ont permis d’exprimer toute sa créativité et d’assumer pleinement qui il est.

Ce jeune homme, « out » depuis ses 14 ans, relooke et met en scène des poupées avec un réel talent et a la chance d’avoir une mère à l’écoute à qui il n’a fallu qu’une bonne nuit de réflexion pour se mettre dans les meilleures conditions pour écouter, comprendre et accepter son fils tel qu’il est.

Tous les trois évoquent les évolutions de la scène drag, la façon dont les Drag Race de RuPaul ont permis sa renaissance malgré une espèce de formatage dû à la force de frappe du show US. Queendom, dont le tournage a commencé un peu avant l’arrivée du covid et du premier confinement, ne fait pas l’impasse sur les répercussions de la crise sanitaire sur les artistes de la scène drag, déjà souvent très précaires.

Mise en scène intelligente

Grâce à une mise en scène intelligente et extrêmement soignée signée Marco Novoa et Simon Vivier, Queendom offre à ses protagonistes choisis un bel écrin qui permet de mettre en valeur leurs singularités. Chaque lieu, chaque moment s’articule autour de leur parole, de leur personnalité, de leur façon singulière d’envisager cet art polymorphe.

Le film est toujours à la bonne distance et la parole des trois garçons est forte et puissante quand il s’agit d’évoquer les implications personnelles et politiques de leur travail. Que ce soit la volonté d’explorer le genre en créant un alter ego comme une extension de soi-même, l’envie de susciter les réactions et les questionnements comme les implications pédagogiques et politiques particulières de cet art. Ces portraits honnêtes et respectueux créent un attachement si particulier à ces trois personnalités qu’on aurait très envie de voir la tournure que prendront leurs projets. Un Queendom 2 ? 

« Queendom », de Marco Novoa et Simon Vivier. Ce documentaire est à découvrir gratuitement (après inscription) sur le site de France TV : https://www.france.tv/slash/queendom