À travers les États-Unis, les élu.e.s LGBT+ font tomber les barrières
Selon le LGBTQ Victory Fund, sur les 782 candidat.e.s LGBT+ à apparaître sur les bulletins de vote en novembre, pas moins de 334 l'ont emporté, plus que jamais auparavant.
Quand Brianna Titone s’est portée candidate à la Chambre des représentants du Colorado (ouest des États-Unis), beaucoup n’ont pas pris son pari au sérieux, et ses opposants ont peu commenté le fait qu’elle est trans. Mais lorsqu’elle a remporté le siège, prenant tout le monde par surprise et devenant la première législatrice trans de l’histoire de l’Etat, un élu rival a assuré qu’elle voulait « imposer un programme sexuel radical » aux habitant.e.s du Colorado. Et quand elle a tenu des meetings, certains lui ont lancé des insultes par la vitre de leur voiture.
Mais cela n’a pas empêché les électeur.trice.s dans la circonscription de Brianna Titone, dans la banlieue de Denver, de lui offrir un second mandat. L’une des centaines de victoires à travers les États-Unis de parlementaires LGBT+, pour laquelle 2020 a été synonyme de gains électoraux sans précédent.
« Nous avons été visés par des attaques odieuses, des attaques personnelles de la part de mes collègues, pas seulement de la part de groupes conservateurs », a confié Brianna Titone à l’AFP. « Mais nous avons renversé la vapeur et tiré notre épingle du jeu ».
Selon le LGBTQ Victory Fund, sur les 782 candidat.e.s LGBT+ à apparaître sur les bulletins de vote en novembre, pas moins de 334 l’ont emporté, plus que jamais auparavant. « Plus nous avons des responsables ouvertement LGBT (…) qui réussissent, dont le leadership est couronné de succès, plus cela motive de personnes à s’assumer et change les comportements », dit Annise Parker, présidente de ce groupe. Et « plus les mentalités évoluent, plus il est facile d’être élu ».
Rupture avec les États-Unis de Donald Trump
Des lois qui discriminaient jadis les personnes LGBT+ ont été abrogées au cours de la dernière décennie, notamment en 2015 quand la Cour suprême a légalisé le mariage pour tou.te.s dans tout le pays.
Le nouveau président Joe Biden, qui est entré en fonctions mercredi, défend haut et fort les droits LGBT+, et a signé un décret réaffirmant les protections contre les discriminations les visant. Il a aussi nommé un homme gay (Pete Buttigieg) et une femme trans (Rachel Levine) dans son gouvernement.
Une rupture avec son prédécesseur Donald Trump, qui a notamment tenté de priver les personnes trans de protections sur leur lieu de travail. Des décisions dont Annise Parker dit qu’elles ont poussé plusieurs personnes LGBT+ à faire de la politique.
Le Delaware, notoirement démocrate, a élu la première personne trans au Sénat local (Sarah McBride), tandis que dans le très conservateur Oklahoma, la première législatrice locale non-binaire (Mauree Turner), également la première musulmane de la Chambre, a été choisie dans une circonscription soutenant en général les démocrates.
Dans le Kansas, Stephanie Byers reconnaît que l’orientation démocrate de sa circonscription l’a aidée à devenir la première députée trans élue à la Chambre des représentants locale (et la première députée trans autochtone des États-Unis), mais dit que même les électeur.trice.s conservateur.trice.s n’ont pas semblé importuné.e.s par sa candidature.
« Le fait que je me sois portée candidate en tant que personne ouvertement transgenre et qu’il n’y ait pas du tout eu de contrecoup, cela montre que la population du Kansas est prête pour cela », a-t-elle dit dans une interview.
« Allez-y »
Les républicains gays, eux, ne sont pas très nombreux sur les bulletins de vote. Le LGBTQ Victory Fund en a compté 19, dont sept ont gagné.
Après s’être lancé dans la course à la Chambre des représentants dans le Tennessee, Eddie Mannis a commencé à entendre d’étranges critiques : il ne serait pas assez républicain. « J’ai alors compris ce que ça voulait vraiment dire », a dit Eddie Mannis. « Je pense que “ pas assez républicain ”, dans la bouche de certains, veut dire “ oh, il est gay ” », a ajouté celui qui a malgré tout été élu.
« Je pense que “ pas assez républicain ”, dans la bouche de certains, veut dire “ oh, il est gay ” »
Mais il rejoint un groupe républicain à la Chambre locale dont des membres ont soutenu des lois pour limiter notamment la participation des personnes trans au sport à l’école.
La campagne électorale n’est pas le seul lieu où les candidat.e.s LGBT+ peuvent faire face à des réticences en raison de leur identité. Brianna Titone l’a appris après avoir été élue pour la première fois en 2018, quand certains collègues l’ont délibérément qualifiée de « monsieur ».
Malgré cela, son message aux personnes LGBT+ voulant se lancer en politique est simple : allez de l’avant. « Si vous sentez que vous avez vraiment une chance de le faire, alors allez-y, parce que quelqu’un doit bien se lancer en premier, et vous ne serez pas le dernier », a-t-elle dit.
Avec l’AFP
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