PMA pour toutes : lassées d'attendre la loi, des Françaises optent toujours pour l'étranger
Lassées d'attendre l'entrée en vigueur de la PMA pour les couples de femmes et les célibataires, de nombreuses Françaises se tournent encore vers des cliniques à l'étranger.
Elles voulaient faire leur enfant en France, en toute légalité. Mais lassées d’attendre l’entrée en vigueur de la PMA pour les couples de femmes et les célibataires, de nombreuses Françaises se tournent encore vers des cliniques à l’étranger.
La PMA pour toutes avait déjà été une promesse de François Hollande. Puis d’Emmanuel Macron. Après un retard au printemps en raison de la crise sanitaire, elle a été adoptée en deuxième lecture, le 1er août, par l’Assemblée nationale. Et après une pause de six mois, elle doit arriver au Sénat en février et devrait entrer en vigueur plusieurs mois après.
« C’est trop tard pour notre premier enfant. Mais par contre, on pourra peut-être faire notre deuxième bébé en France », dit Sandra* à l’AFP.
Avec son épouse Laetitia, elles ont envie d’un enfant depuis 2015. « Nous avons d’abord attendu, pensant que ça serait plus simple si la procédure de PMA pouvait se faire en France », raconte Laetitia.
« À chaque échéance, on apprenait le report, encore, du vote de cette fameuse ouverture de la PMA à toutes les femmes. Sauf que de fil en aiguille, ce ne sont plus des mois, mais des années qui sont passées ».
« Nous avons eu 33 ans en octobre. Nous ne voulions plus attendre », raconte au téléphone Laetitia, alors que le couple vient de quitter la Belgique où Sandra a reçu une première insémination.
Faire la PMA en France épargnerait au couple, qui vit dans la région lyonnaise, « ce sentiment d’être hors-la-loi », « d’être un peu des fraudeuses ».
Leur gynécologue a accepté de leur faire des ordonnances pour des prises de sang et des échographies en France, ce qui leur permet d’être remboursées pour ces examens par la Sécurité sociale. « Nous avons de la chance, mais notre médecin est dans l’illégalité en faisant cela », regrette Laetitia.
Plusieurs femmes contactées par l’AFP ont raconté leur espoir de faire une PMA en France, puis leur désillusion alors que les années passaient et l’inquiétude de la fertilité qui chute après 35 ans.
« Nos familles nous demandent pourquoi on ne veut pas attendre que la loi soit votée en France. Mais nous n’avons pas ce temps-là », explique Johane, 32 ans, dont la compagne a dix ans de plus.
Délais d’attente
Faire une PMA à l’étranger coûte souvent plusieurs milliers d’euros. « Si les inséminations ne fonctionnent pas et que nous devons aller jusqu’à la FIV (fécondation in vitro), nous devrons faire un emprunt », raconte Johane, une Toulousaine qui a déjà fait trois essais en Espagne. « Tout serait tellement plus simple si nous étions suivies à l’hôpital à côté de chez nous ».
Pour l’association des parents gays et lesbiens (APGL), ce n’est pas avant 2022 que les inséminations pourront commencer. Mais l’APGL s’est félicité mercredi, après l’annonce du retour du texte devant le Sénat en février, « d’avoir enfin un agenda clair ».
Les interrogations restent toutefois nombreuses sur ce texte, qui devrait par ailleurs faciliter les choses pour les enfants nés de PMA. « Quels seront les délais d’attente ? », questionne Sophie, 29 ans. « Est-ce qu’on va passer après les couples hétérosexuels ? », s’inquiète la jeune femme.
« Ce projet de loi est attendu par des milliers de femmes », souligne Catherine Michaud, présidente de l’association GayLib et membre du Mouvement radical. « Pour la poursuite de la navette parlementaire il ne faudra pas prendre comme prétexte la crise sanitaire pour encore retarder le calendrier ».
Pour Bénédicte Blanchet de l’association Mam’en solo, qui représente les mères célibataires, « le temps presse ». « Des femmes continuent à se mettre en danger pour avoir un enfant, en France. Beaucoup n’ont pas les moyens d’aller à l’étranger », souligne-t-elle.
Les débats s’annoncent tendus au Sénat, où le projet de loi bioéthique, qui inclut la PMA pour toutes, avait été adopté de justesse en première lecture début 2020.
* Les femmes interrogées ont requis l’anonymat
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