VIH : La Jordanie continue d'expulser les personnes séropositives
Selon une ONG locale citée par Human Rights Watch, des dizaines d'expulsion de personnes atteintes par le VIH auraient lieu chaque année en Jordanie.
La crise du covid nous a fait un peu oublier une autre épidémie, celle de VIH/sida, qui continue sa progression et qui provoque aussi des comportements discriminatoires envers les personnes atteintes.
Selon Human Rights Watch, en Jordanie, les professionnel.le.s de la santé et les établissements de santé sont mandatés pour signaler la séropositivité d’un individu au gouvernement. Les ressortissants étrangers déclarés séropositifs sont expulsés sommairement quelles que soient les conséquences pour leur santé et leur sécurité et interdits à vie de rentrer à nouveau en Jordanie.
Human Rights Watch s’appuie notamment sur l’histoire d’un homme gay irakien. Plus tôt cette année, raconte HRW, cet homme avait fui en Jordanie pour échapper à la persécution à laquelle il était confronté en tant que gay, mais il n’a pas pu accéder au traitement anti-VIH sinon il aurait être immédiatement expulsé. Lorsque sa santé s’est rapidement détériorée, il n’a pas pu consulter un médecin de peur d’être expulsé. Quelle que soit la décision qu’il prend, sa vie est menacée.
Restrictions à l’emploi
La Jordanie applique aussi une politique très restrictive en matière d’accès à l’emploi. La Jordanie oblige également les ressortissants à se soumettre au dépistage du VIH lorsqu’ils cherchent un emploi dans le secteur public et pour les non-ressortissants obtenant un permis de travail, et leur refuse un emploi s’ils sont séropositifs.
Abdallah Hanatleh, directeur exécutif de Sawaed, une organisation basée à Amman (Jordanie) qui facilite l’accès au traitement anti-VIH, a déclaré à Human Rights Watch que son organisation documente chaque année des dizaines d’expulsions basées sur le statut VIH. La Jordanie n’est pas la seule à pratiquer cette discrimination. Dans la région, les États du Golfe, dont l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, expulsent également des personnes déclarées séropositives sans aucune disposition pour la continuité des soins. Pire encore, en Jordanie, comme en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, les ressortissants étrangers séropositifs dans le système de justice pénale se voient refuser un accès adéquat à un traitement en prison. « Ils sont placés à l’isolement, ce qui les isole et les stigmatise davantage », a déclaré Hanatleh.
HRW rappelle que le droit international interdit les expulsions fondées uniquement sur le statut VIH.
Au total, 35 pays ont édicté des restrictions en matière d’entrée et de droit au séjour pour les personnes atteintes par le VIH, selon un rapport de l’Onusida, un programme coordonnant les actions des différentes agences des Nations unies visant à lutter contre la pandémie.
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