Pologne : les manifestations racontées par Pawel Matusz, un militant LGBT+
« Ce qui s'est passé après, c’était l'enfer. Je n'ai jamais connu de violence policière et de brutalité comme celle-ci. »
Pawel Matusz est un militant queer polonais de 31 ans. Il est écrivain et se concentre actuellement sur l'histoire queer de l'Europe de l'Est et la répression contre les hommes gays en Pologne pendant les années 80. Présent lors des manifestations du 7 août à Varsovie, il raconte à Komitid comment s'est déroulée la révolte, rebaptisée le « Stonewall polonais ».
Komitid : Quelle est la situation actuelle en Pologne pour les personnes LGBT+ ?
Pawel Matusz : La situation n’a jamais été bonne. Déjà dans les années 80, la police a lancé une opération nationale appelée « Hyacinth », qui visait à créer une base de données policière secrète sur les hommes gays.
Depuis 1989 et la transformation du socialisme en capitalisme néolibéral, l'Église catholique et les nationalistes ont acquis un pouvoir considérable.
Ces dernières années, après que le parti Droit et Justice (PiS) a de nouveau pris le pouvoir en Pologne, les personnes LGBT+ sont devenues la cible d'une guerre culturelle menée par le gouvernement de droite et des organisations fondamentalistes fascistes et catholiques. Après que de nombreuses marches des fiertés dans les petites villes ont été couronnées de succès — mais aussi brutalement attaquées par les nationalistes comme dans la ville de Białystok —, et que le maire libéral de Varsovie a signé la « charte LGBT » pour protéger les personnes queers dans la ville, les discours homophobes et transphobes ont explosé. C'est à cette époque que plus de 100 villes, villages et même régions se sont déclarés « zones sans idéologie LGBT » pour empêcher notre communauté de s'organiser et de continuer à mettre en place des manifestations et des projets éducatifs.
- Lire aussi : Un tiers de la Pologne déclarée « zone sans idéologie LGBT », des communes françaises jumelées réagissent… ou pas
De nombreuses années de discrimination institutionnelle et d'endoctrinement nationaliste ont porté leurs fruits. L’ambiance est hostile dans les rues, parfois uniquement à cause de la présence de drapeaux arc-en-ciel. Des bus de haine loués par des organisations radicales pro-vie traversent des centres-villes polonais pour répandre une homophobie et transphobie dégoûtantes — en comparant par exemple l'homosexualité et la pédophilie. Ils font également une campagne de désinformation sur l'avortement et l'éducation sexuelle.
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