Rencontre avec Erwan Desbois, auteur d’un essai sur les sœurs Wachowski : « Elles ne font pas de politique mais de l’art qui est politique »
Komitid a rencontré le critique cinéma Erwan Desbois pour évoquer le parcours hors-du-commun – de « Bound », à « Matrix » et « Sense8 – des femmes cinéastes trans les plus puissantes d’Hollywood.
Rares sont les essais sur le cinéma qui citent Judith Butler et son Trouble dans le genre. C’est pourtant le cas de Lilly et Lana Wachowski, la grande émancipation, le livre du critique de cinéma Erwan Desbois qui analyse avec finesse et recul l’œuvre du duo de réalisatrices de Bound, Matrix, Cloud Atlas ou de la série Sense8.
Komitid l’a rencontré pour évoquer le parcours hors-du-commun des cinéastes trans les plus puissantes d’Hollywood.
Komitid : Pourquoi avez-vous eu envie d’écrire sur les sœurs Wachowski ?
Erwan Desbois : Cloud Atlas est mon film préféré de ces dernières années. C’est l’une des choses les plus importantes qui ait eu lieu au cinéma dans les années 2010, dans la manière de réinventer le montage, de parler d’autres thèmes, d’autres histoires, d’autres points de vue ce qui a été ensuite prolongé avec Sense8. Et puis j’ai l’âge pour les connaître depuis qu’elles ont commencé. Bound et Matrix c’est mon adolescence et cela me parlait déjà énormément. Plus ça progresse et plus leur œuvre prend une cohérence dans les thématiques, le point de vue qu’elles veulent porter, la ligne politique qu’elles veulent affirmer. Une fois arrivé au bout de Sense8, cela devenait une évidence que tout a un sens très fort et a toujours été très juste, très légitime et important. Et d’autant plus aujourd’hui puisque le monde rattrape ce qu’elles affirment dans leurs films depuis vingt ans : les problématiques autour du genre, de l’intersexualité, le renforcement de la lutte contre le racisme, pour le féminisme, qui redeviennent des sujets majeurs. Leur œuvre est sans doute celle au cinéma qui parlent le plus de ces sujets-là.
Est-ce que le fait qu’elles aient vécu toutes les deux une transition de genre apporte un éclairage particulier à cette œuvre ?
Il faut toujours prendre avec des pincettes le fait d’associer ce qui se passe dans la vie personnelle des cinéastes et leurs œuvres mais l’évidence est si manifeste que c’est difficile de ne pas prendre en compte ce « fil ».
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