« Et la rue, elle est à qui ? Elle est à nous ! » : on vous raconte l'histoire des Goudou.e.s sur roues
Antiracistes, transféministes, les Goudou.e.s sur roues, apparues à la Marche des fiertés 2019, ont repris spectaculairement la rue le 26 juin. Mais d'où viennent-elles ? Clémence Allezard a remonté le temps, jusque dans les années 70, pour raconter cette histoire de pur génie lesbien.
Quatrième volet de notre série : « Une journée sans lesbienne c’est comme une journée sans soleil ». En ce mois des fiertés 2020 un peu particulier mais où les lesbiennes sont décidément sur tous les fronts, la journaliste Clémence Allezard et l’illustratrice Julie Feydel brossent un portrait des « Dykes on Bikes » frenchies, iconiques amazones à moto remises au goût écolo du jour par le collectif parisien et âgé d’à peine un an, les Goudou.e.s sur roues, que Clémence a suivi lors d’une « ride sauvage » à travers Paris.
“Et la rue elle est à qui ? Elle est à nous !”. Ce slogan, c’est un classique de manif’, mais je dois admettre que lorsqu’il a retenti vendredi 26 juin à la nuit tombée, au beau milieu d’un boulevard de Sébastopol complètement bloqué, entonné par une bonne quarantaine de meufs, de gouines, de féministes, cis et trans à vélo, cela avait quelque chose de particulièrement grisant et puissant. Dans un espace public traditionnellement chasse gardée des hommes cis hétéros et largement dominé par les voitures, cette équipée sauvage juchée sur deux roues sans empreinte carbone ou presque, et emmenée par une merveilleuse et tonitruante « gouine mobile » avait effectivement quelque chose de révolutionnaire. Car ni les vrombissements virilistes des moteurs, ni les « bande de salopes » et autres joyeusetés misogynes proférées ne sont parvenus à l’intimider. La rue, les boulevards, les places, les avenues sillonnées et immobilisées étaient bel et bien « à nous », et ce n’est pas rien du tout.
« Vélorution »
Organisée notamment par la Cyclofficine de Pantin, rejointes par les Goudou.e.s sur roues et l’association Diivines lgbtqi+ cette « vélorution », ou « ride sauvage » en non mixité choisie sans hommes cisgenres est parvenue à mobiliser au delà des espérances des organisatrices. Louise de la Cyclofficine - qui arbore un magnifique harnais en chambres à air - précise toutefois : « Il y a eu des initiatrices mais en réalité tout le monde a tout fait, tout le monde a bloqué les voitures, encerclé les mecs relous, tout le monde est allé acheter des bières, a conduit le char… Y’a pas de c’est “tel collectif qui organise”, tout le monde s’est emparé de l’action » . De l’horizontalité, donc.
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