Dans nos placards queers (3/4) : L’art de la « bonne tenue » en famille
Quand on est queer, les repas de famille ne sont pas toujours des moments attendus. Et lorsqu'on est invité à un baptême ou à un mariage, une question se pose : peut-on s'habiller de façon fabulous ? Si la peur d’être discriminé.e est bien ancrée, le désir de jouer avec les normes prend souvent le pas.
Stéphane a grandi dans une famille bourgeoise et catholique. Lors des repas de famille, jusqu’à l’âge de 32 ans, il a porté des « pantalons de toile et des chemises du dimanche ». Il ne voulait pas perturber l’équilibre de sa famille, en sortant du moule. « Je me cachais derrière des fringues polissées. Je m’habillais comme un bourgeois classe », décrit-il, six ans plus tard. A l’époque, ses parents et sa fratrie sont pourtant au courant de son homosexualité, mais il ne veut pas faire de vagues.
« Parfois on nous tolère, on nous dit que c’est ok d’être queer, mais il ne faut pas trop le montrer. Le fait que ça se voit par le vêtement peut ouvrir des plaies non refermées », décrypte Maxime Donzel, auteur de Dress code : le bon vêtement au bon moment.
Faire son cheminement
Après avoir fait leur coming out, les personnes LGB ne se sentent pas forcément libérées des pressions familiales. « À l’époque, je n’avais pas encore fait de travail sur moi-même, j’avais du mal à m’accepter et ignorer l’avis des autres », raconte Stéphane.
Le docteur en psychologie Sahin Poyraz a travaillé sur les cheminements qui traversent les personnes gays, lesbiennes et bies. « Il y a plusieurs étapes : il y a le moment où on réalise pour soi, celui où on le révèle, et le moment où on fait la synthèse identitaire : on se dit qu’on serein et on accepte son identité », explique-t-il. Une fois qu’on se sent à l’aise avec son identité, gérer le regard des autres devient plus naturel. Charles, un Parisien de 26 ans, s’est vite trouvé dans un look créatif. Lorsqu’il visite ses parents, il ose le rose et lui donne une vraie place dans son dressing. Durant son enfance, il n’osait pas en porter au motif que c’était « pour les filles ».
Pour continuer la lecture de cet article :
Vous avez déjà un accès ?
- Le Britannique Tom Daley passe des plongeons aux tricots
- Concert annulé de Bilal Hassani en 2023 : jusqu'à six mois de prison requis pour provocation à la haine et injures
- Au moment de souffler ses 40 bougies, la sérophobie n'a pas encore disparu, alerte l'association Aides
- « La Manif pour tous » au gouvernement ? Les droits acquis seront « préservés », assure Barnier
- Zemmour condamné et relaxé en appel dans deux affaires distinctes