Guillaume Cizeron dans L'Équipe : « Je ne veux pas seulement dire “ Je suis gay ” mais contribuer aussi à éduquer »
Après avoir publié une photo avec son compagnon, Guillaume Cizeron revient sur son coming out dans une magnifique lettre ouverte dans « L’Équipe ». Son témoignage lui a valu les honneurs de la couverture.
Guillaume Cizeron, quadruple champion du monde de patinage artistique (avec sa partenaire Gabriella Papadakis), a profité de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, le 17 mai dernier, pour faire son coming out d’une manière douce et originale. Il a, en effet, posté sur son compte Instagram une photo de son compagnon et lui pleine de douceur.
Une lettre ouverte en une de L’Équipe
Samedi 30 mai, le quotidien sportif L’Équipe a mis le champion à l’honneur et en couverture. Dans une lettre ouverte très émouvante, Guillaume Cizeron revient sur son coming out, sur son enfance et son parcours de vie. Il a même eu les honneurs de la une avec cette accroche : « Je ne veux pas seulement dire “ Je suis gay ” mais contribuer aussi à éduquer ».
« “ T’es une fille ou un garçon ? ” me demandaient mes camarades de classe lorsque j’étais enfant. Suivaient généralement des rires et moqueries des autres élèves. Étais-je une fille ou un garçon ? La question ne me semblait pas si incongrue. Très jeune, je me souviens m’être questionné sur mon identité et mon genre. Je me rappelle très clairement faire face à ma mère : « Maman, je suis une fille ou un garçon ? » dévoile le champion dans cette lettre ouverte.
Le sportif raconte les dures épreuves qu’il a vécu durant son enfance et sa scolarité où il a été victime de moqueries, insultes et jugements. Guillaume Cizeron explique avoir beaucoup souffert de la solitude.
« Au collège, je passais de nombreuses récréations dans les toilettes, à me cacher pour ne pas être persécuté ou pour ne pas avoir à subir l’humiliation de la solitude. J’étais un garçon extrêmement timide et terriblement sensible, je ne répondais presque jamais aux insultes. Pédé, tapette, tantouse, et j’en passe. Les insultes rythmaient mon quotidien et devinrent bientôt cette petite mélodie malsaine en arrière-plan de mes pensées. »
Un geste fort de la part du titre de presse qui cherche depuis quelques mois à sensibiliser ses lecteurs à l’homophobie dans le milieu sportif. Souvenez-vous. En mai 2019, L’Équipe avait publié un excellent dossier sur le sujet qui avait eu, lui aussi, les honneurs de la couverture avec un bisou entre deux joueurs de l’équipe de water-polo qui a inspiré Les Crevettes Paillettées.
« Dans un monde idéal, personne n’aurait besoin d’avoir à justifier ses attirances sexuelles ou romantiques »
Jusque-là, Guillaume Cizeron n’avait jamais fait d’annonce publique concernant sa vie privée. Aujourd’hui, il réalise que son histoire et ses déclarations pourront certainement aider d’autre personne à s’accepter.
« Aujourd’hui, malgré de grandes avancées sur le chemin vers la tolérance, le combat n’est pas fini. Je considère que mon silence ne servirait pas la cause et serait plus synonyme d’indifférence que de prise de position. Même si ma conviction est qu’une vraie tolérance signifierait ne pas avoir à sortir du placard, comme un hétérosexuel n’a jamais eu à dévoiler son orientation. »
« Dans un monde idéal, personne n’aurait besoin d’avoir à justifier ses attirances sexuelles ou romantiques. Comme quelqu’un à qui je tiens beaucoup m’a dit une fois : “ Tu mérites d’être aimé. Simplement parce que tu existes. ” Chacun mérite amour et dignité, peu importe s’il s’identifie comme un homme, une femme, ou aucun des deux, peu importe qu’il soit attiré par un homme, une femme, ou les deux à la fois. »
Il fallait s’en douter, cette une de L’Équipe a évidement fait parler certains conservateurs et homophobes sur la toile :
« En même temps quand tu choisis patinage artistique ça ne fait aucun doute sinon tu fais du hockey. »
« Un patineur gay, quelle surprise ! Vous avez d’autres scoops comme celui-là ? »
En tout cas, le champion de patinage artistique nous fait passer un beau message d’amour et de tolérance dans cette lettre ouverte libératrice. En cette période où toutes les Pride sont annulées à cause du Covid-19, ce genre de témoignage demeure capital. Merci Guillaume Cizeron !
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