Eva Darlan : « J’ai beaucoup joué les connes, les abruties, et avec un plaisir immense parce que je sais très bien le faire »
Elle a un (petit) rôle dans la nouvelle série de France 2, « Réunions ». L'occasion d'un entretien avec une actrice engagée en particulier sur la question des violences faites aux femmes.
Si elle a souvent incarné des bourgeoises vénéneuses, décalées ou déconnectées des réalité, Eva Darlan est l’inverse de cet archétype. Pragmatique, créative et singulière, l’actrice est une combattante pour l’égalité qui parle vrai. À l’occasion de sa (petite) participation à la nouvelle série de France 2, Réunions qui démarre mercredi 16 avril, Komitid a eu envie d’échanger avec cette artiste hors-norme qui, optimiste, essaie de voir dans cette phase de confinement « une retraite imposée et stupéfiante ». Une période propice à la réflexion notamment sur la dureté du monde en général et du métier d’actrice en particulier quand on est une femme.
Komitid : Depuis quelques années, on a pris l’habitude de vous voir jouer les grands-mères dans des séries à succès comme « Fais pas ci fais pas ça » ou, plus récemment, « Faites des gosses », mais vous trouvez toujours les moyens d’y imprimer votre singularité. C’est votre marque de fabrique ?
Eva Darlan : Probablement ! Ça avait « très mal » commencé avec Merci Bernard, Palace ou Les Jeanne et on s’est dit « Ah ouais d’accord, c’est bon on a compris elle, elle est zinzin ». J’ai été très longtemps entre bourgeoise, moi qui viens d’une famille plus que prolétaire, et cinglée. Ça m’a complètement convenu, c’était formidable. Mais, à partir d’un certain âge, nous les femmes, on ne nous confie plus que des rôles de grands-mères. Ce qui n’est pas le cas pour les hommes ! On ne voit pas Pierre Arditi ou Fabrice Luchini jouer des grands-pères en permanence ! Ils ont des emplois, des responsabilités, des fonctions. Nous on est un état, lié de façon absolu à la reproduction et jusqu’à la fin de notre vie. Et ça, ça me fait un petit peu « suer » (synonyme choisi à la demande de l’interviewée, ndlr) et c’est assez insupportable ! De n’être que grand-mère, non, moi ça ne me convient pas du tout mais la fantaisie qui va avec la liberté que me donne les producteurs et les metteurs en scène, ça, ça me va parfaitement et ça me plaît beaucoup ! Grand-mère ce n’est pas un état mais une fonction.
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