Coronavirus : Comment les établissements LGBT+ font face au confinement
Komitid fait le point avec Rémi Calmon, Directeur Exécutif du Sneg et avec Antonio Alexandre de l'Enipse.
Tout est allé très vite depuis notre enquête publiée jeudi 12 mars. En cinq jours, nous sommes passés successivement d’une limite de rassemblement à 1000 personnes (décidée le 9 mars) à 100 personnes (vendredi 13 mars). Ensuite samedi 14 au soir, le Premier ministre a interdit l’ouverture de tous les commerces « non indispensables », donc entre autres les bars, les restaurants, les clubs et les saunas. Et enfin hier soir lundi 16 mars, le Président Macron a annoncé un renforcement du confinement sur tout le territoire. Plus aucune sortie n’est possible, autre que pour le strict nécessaire.
Komitid fait de nouveau le point sur la situation avec Rémi Calmon, Directeur Exécutif du Sneg, le syndicat national des établissements LGBTQ+ et avec Antonio Alexandre de l’Enipse.
Des exploitant.e.s inquiets
Rémi Calmon a passé tout le week-end à échanger par mail et par téléphone avec les adhérent.e.s du Sneg : « Ils étaient un peu inquiets quand la jauge est passée de 1000 à 100 vendredi. Et puis samedi soir quand on a appris que tout devait fermer à minuit on est passé en mode gestion de crise. Quatre heures à peine, un samedi soir, pour respecter cette mesure. Le délai aura été bien court pour régler toutes les questions relatives aux stocks, aux salariés, aux réservations en cours… même si l’enjeu de santé publique demeure incontestable. L’arrêté du 13 mars instituant la jauge de 100 personnes maximum n’aura vécu que quelques heures, pour devenir une interdiction totale d’ouverture ».
Pas de télé travail dans un bar ou un sauna
La plupart des gérant.e.s et salarié.e.s du monde la nuit se sont retrouvé.es en chômage technique en quelques heures. Et pour cause, comme l’explique Rémi Calmon « pas de télé travail possible quand on travaille dans un bar, un club ou un sauna, quand le lieu est fermé on rentre chez soi ».
Zéro recette, zéro dépense
Que va-t-il se passer pour les gérant.e.s qui n’ont pas beaucoup de trésorerie ? Rémi Calmon a passé une partie de sa matinée lundi 16 mars en conférence téléphonique avec (entre autres) Bruno Le Maire (Ministre de l’Économie et des Finances) et Muriel Pénicaud (Ministre du Travail) : « L’État s’est engagé à sauver les emplois et les commerces quoi qu’il en coûte. De notre côté nous avons négocié de nombreuses mesures pour aider les exploitants : étalonnement des charges fiscales et sociales, dégrèvement, moratoire de 6 mois auprès des banques, suspension de certains prélèvements comme la SACEM (pour les droits d’auteurs des chansons diffusées en bar/club), mise en place d’un fond de solidarité etc ». Des mesures confirmées hier soir par le Président lors de son allocution).
« Apprendre de la lutte contre le sida »
De son côté, Antonio Alexandre, le Directeur de l’Enipse a envoyé un communiqué à tous ses adhérent.e.s : « Un coup dur bien sûr, mais la santé est un bien commun qu’il nous faut tou.te.s protéger. Il y a 30 ans, des exploitants se mobilisaient autour de la lutte contre le Sida et ainsi est née notre équipe. Une chaine de prévention, d’information et de veille qui n’a cessé de développer des actions spécifiques pour la santé de vos clientèles et cela grâce à vous.
Nous ne pouvons pas faire de parallèle entre le Sida et l’épidémie actuelle, l’une est transmissible l’autre est contagieuse. Les temps sont différents et opposer les causes n’a pas de sens ! Mais nous pouvons apprendre de la mobilisation de l’ensemble des acteurs communautaires par le passé, pour retrouver plus de solidarité et d’attention les uns envers les autres. »
Note de la rédaction : Ce point est une photographie de la situation mardi 17 mars à 11 heures et certaines mesures sont susceptibles d’évoluer dans les heures et jours à venir.
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