De l'invisibilité à la lumière ou comment le cinéma LGBT+ a pu changer nos vies

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À l'occasion de la 25e édition du festival du film LGBTQI & +++ Chéries-Chéris, à Paris, travelling rapide sur l'évolution de la représentation des thématiques et des personnages LGBT+ au cinéma.

cinéma LGBT+
Image extraite de « Brokeback Mountain », d'Ang Lee; 2005 - Pathé

Art populaire par excellence, le cinéma est né quelques années après l’apparition du mot homosexualité. Pourtant, hormis quelques très rares films présentant des personnages gays et lesbiennes dans les premières décennies de l’histoire du cinéma (dont le tout premier, Différent des autres, en 1919, revu à la magnifique expo 100 ans de cinéma LGBT à la Mairie de Paris), il faut attendre les années 70 pour commencer à voir des personnages qui nous ressemblent. Le cinéma LGBT+ a moins de 50 ans.

Auparavant et du fait en grande partie de la censure, mais aussi des lois discriminatoires et des préjugés, les personnages LGBT+ au cinéma étaient soit des tueurs (ou des tueuses) ou finissaient tué.e.s ou se suicidaient. Manquant totalement de représentation de nos identités, on accueillait avec frénésie la moindre scène homoérotique, le moindre geste de tendresse ou le sous-texte crypto lesbien, y compris dans des films grand public.

Critiqué à son époque, un film comme La Cage aux folles (1978) peut aujourd’hui être revu avec beaucoup moins de mépris, tant il fait la part belle à un couple gay, très folle, mais présenté très positivement et défendant des valeurs d’acceptation de la différence.

 

 

 

À partir des années 80, on ne compte plus les films dans lesquels un ou des personnages sont gays, lesbiennes, bi.e.s. Les personnages trans arrivant beaucoup plus tard. On pourrait citer Maurice, Victor Victoria ou Go Fish, un film lesbien très important et dont on célèbre les 25 ans. La crise du sida donne aussi naissance à des films majeurs comme Les Nuits fauves ou Philadelphia.

En 2005, le film d’Ang Lee, Brokeback Mountain va avoir un retentissement mondial et sera récompensé de trois Oscars. Le public applaudit cette histoire d’amour entre deux cow-boys. Même si plus que d’homosexualité, il est y est question d’homophobie, d’un amour impossible et dramatique.

Mais l’apport qui a compté le plus dans l’évolution du cinéma LGBT+, c’est bien sûr la création de films par des artistes LGBT+. Parfois, elles et ils le revendiquaient. L’immense Barbara Hammer, à qui le cinéma lesbien doit énormément, a ouvert la voie à de très nombreuses réalisatrices.

En France, Chantal Akerman, et plus près de nous Catherine Corsini et Céline Sciamma, ont réalisé des films traversés par des thématiques d’identité et de genre. Que l’on pense à La Belle Saison de Corsini ou à Tomboy et Portrait de la jeune fille en feu de Sciamma.

Aux États-Unis, les sœurs Wachovski, réalisatrices de la série des Matrix, ont aussi abordé plus récemment les questions de transidentité, en faisant jouer des personnages trans par des actrices trans.

De grands noms du cinéma étaient homos (surtout des hommes) : on pense à Luchino Visconti, Pier Paolo Pasolini, Rainer Fassbinder. Mais aussi à des pionnières comme Dorothy Azrner et beaucoup plus près de nous Christophe Honoré, André Téchiné ou encore Rose Troche ou Todd Haynes. On pourrait en citer beaucoup d’autres venu.e.s de nombreux autres pays. Leurs films n’ont pas tous traités de sujets LGBT mais ont permis aussi de montrer une diversité de regards et en particulier sur les corps et sur les désirs. C’est en cela que le cinéma LGBT+ a pu changer nos vies.

C’est d’ailleurs tout l’intérêt des festivals LGBT+ de cinéma, qui se multiplient en France, et dont le plus important, Chéries-Chéris, qui commence ce week-end à Paris, fait la part belle aux cinémas de tous les genres et de tous les continents.