Oui, la fierté LGBT a toute sa place sur les terrains de foot !
Rien n'est fait pour que les sportifs et les sportives soient suffisamment à l'aise pour évoquer leur orientation sexuelle. Pour combien de temps encore ?
Il faut bien l’avouer, je n’aime pas particulièrement le football en grande partie car il véhicule (encore) des attitudes machistes, virilistes et de dévalorisation du féminin. Très peu pour moi ! Ce sont mes amies du club de foot lesbien et trans Les Dégommeuses qui m’ont fait apprécier d’être supporter sur le terrain. Leur équipe, qui se bat pour donner le meilleur d’elle-même durant les matchs, offre surtout un espace safe aux joueuses. L’association milite aussi pour la visibilité des joueuses (et des joueurs) out dans le foot.
Lors de la Coupe du monde féminine de football, Les Dégommeuses étaient le sujet d’un long article dans le prestigieux New York Times, dans lequel les footballeuses confiaient leur admiration pour l’équipe américaine de football, qui compte dans ses rangs plusieurs joueuses lesbiennes out dont la milieu de terrain offensif Megan Rapinoe et l’attaquante Abby Wambach (meilleure joueuse FIFA de l’année 2012).
- Lire aussi : Coupe du monde féminine de football : le drapeau arc-en-ciel géant des Dégommeuses ouvre le jeu
Des années-lumière
En France, aucun joueur ou joueuse professionnel de football en activité n’a encore fait son coming out. Olivier Rouyer est toujours le seul footballeur professionnel français à avoir révélé publiquement son homosexualité, à 52 ans. C’était en 2008, dans les pages de L’Équipe Magazine, dix-huit ans après avoir mis fin à sa carrière de joueur. Une situation à des années-lumière de la visibilité et de l’affirmation réelles dans d’autres pays. Megan Rapinoe n’a pas hésité à déclarer lors de la Coupe du monde : « Vous ne pouvez pas gagner le championnat sans des joueuses homosexuelles dans votre équipe. Ça n’a jamais été réalisé. C’est scientifique. »
Mais comment pourrait-il en être autrement pour la visibilité quand rien n’est fait pour que les sportifs et les sportives soient suffisamment à l’aise pour évoquer leur orientation sexuelle ?
Il faudrait des sanctions dignes de ce nom pour bouter l’homophobie, comme le racisme et le sexisme, hors des stades et des tribunes
Ces dernières semaines, dans les stades, les incidents comprenant des chants homophobes se sont multipliés. Des supporters qualifiés « d’ultra » n’hésitent pas à insulter leurs adversaires aux cris de « pédé », « d’enculé », de « tapette ». Plusieurs fois, des matches ont été interrompus, sur décision de l’arbitre. Et c’est une très bonne chose. Cependant, c’est loin d’être suffisant et les résistances sont nombreuses.
Des propos discriminatoires
Comment aussi qualifier les propos de Noël Le Graet, le président de la Fédération française de football, qui sur France Info mardi a réagi à ses interruptions en affirmant : « L’arrêt des matches ne m’intéresse pas. C’est une erreur. J’arrêterais un match pour des cris racistes, j’arrêterais un match pour une bagarre, des incidents s’il y a un danger dans les tribunes. » Cette affirmation discriminatoire (et le mot est faible) lui a valu une volée de bois vert, notamment de la part de la ministre des Sports, très en pointe dans le combat contre l’homophobie dans le football.
La situation est cependant peut-être (restons prudents) en train d’évoluer. La Ligue de football professionnel a réuni mercredi 11 septembre des associations de supporters et de défense des droits. « On a pu diminuer le fossé qu’il y a entre nous », a ainsi déclaré Bertrand Lambert, le président de l’association LGBT de foot des PanamBoyz and Girlz United, à l’issue de cette réunion.
Mais il faudrait des actions beaucoup plus fortes et des sanctions dignes de ce nom pour bouter l’homophobie, comme le racisme et le sexisme, hors des stades et des tribunes. Car comme le rappelait Julien Pontes, du collectif Rouge Direct, sur Komitid, des insultes homophobes proférées dans les stades aux actes violents envers les personnes LGBT+, il n’y a malheureusement souvent qu’un pas.
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