3 questions à Morgane sur la création de la première équipe de foot LGBT+ en Auvergne
« L'équipe est portée par 36 personnes membres de l'association, majoritairement des personnes demandeuses d'asile. »
Alors que la Coupe du Monde féminine de football bat son plein, quel meilleur période pour lancer son équipe de foot inclusive ? Grâce à l’association QUEER Auvergne, la toute première équipe de foot LGBT+ auvergnate vient de voir le jour. Objectif visé : le Tournoi international de Paris en 2020. Morgane Vigouroux, président.e de l’association, nous explique la démarche.
Komitid : D’où est venue cette volonté de créer une équipe de foot LGBTQIA+ et combien de personnes ont déjà répondu présentes ?
Morgane Vigouroux : L’idée est venue d’un bénévole anglophone en demande d’asile dont la volonté est de créer une équipe de foot pour unir les gens, créer du lien et être ensemble. Du fait de sa situation compliquée actuellement, nous le soutenons dans les démarches administratives. On a accepté le projet sans hésiter car c’est la première fois que ce type d’initiative émerge en Auvergne.
La volonté est de pouvoir participer au Tournoi international de Paris, organisé par la Fédération Sportive Gaie et Lesbienne (FSGL) en 2020 et comme nous n’en avons actuellement pas les moyens, la création de cette équipe de foot pourrait nous permettre d’aller chercher des soutiens. Le foot est une base, mais in fine, s’il y a d’autres propositions qui sont faites concernant d’autres disciplines, elles seront lancées. Mais pour cela, il faut des personnes pour porter le projet et surtout des moyens financiers, donc tout dépend du contexte et des possibilités que nous aurons.
« C’est également un moyen, en dehors des marches des fiertés, pour que les personnes se retrouvent entre elles. »
Actuellement, l’équipe est portée par 36 personnes membres de l’association, majoritairement des personnes demandeuses d’asile qui viennent de pays anglophones, de Sierra Leone, du Cameroun ou encore de Guinée. Pour l’instant, je ne me suis pas inclu.e dedans. Il est possible que le nombre de personnes impliquées monte encore, mais cela demande un certain investissement, à savoir donner de son temps et de son énergie.
Quel est l’intérêt d’une équipe sportive uniquement composée de personnes LGBT+ ?
Souvent, dans le cadre d’une compétition classique, les équipes sont non-mixtes. Pour certaines personnes LGBT+ et non-binaires, il est parfois très difficile de se faire une place dans une équipe sportive. C’est également un moyen, en dehors des marches des fiertés, pour que les personnes se retrouvent entre elles. Et il s’agit aussi de porter un message simple : oui, les personnes LGBT+ peuvent faire du sport, ils et elles ont une vie et peuvent faire des choses.
Créer une équipe de foot LGBT+, c’est aussi une façon de dénoncer les LGBTphobies dans le foot et de nombreux autres sports ?
Pour moi, en tant que président.e, c’est surtout montrer que face à cette proposition, nous avons immédiatement accepté le projet et que nous l’accompagnons. Après, oui, il y a des difficultés, c’est certain. Quand on voit que les femmes qui ont un niveau de testostérone plus élevé que la soi-disant moyenne se voient remettre en cause leur place, leur titre, cela pose de gros problèmes.
Plusieurs fois, des femmes trans n’ont pas eu leur place dans des équipes féminines pour la seule raison qu’elles avaient une carrure jugée trop masculine par exemple. Me concernant, si un jour je venais à faire ça, en tant que femme trans, où serait ma place ?
« Le simple fait de créer cette équipe est extrêmement fort de sens. »
De toute évidence, l’action menée par un groupe devient un message de fait. Quand des personnes trans se retrouvent entre elles, il y un message politique. Dans le cas de cette équipe de foot LGBTQIA+, la majeure partie des membres sont des demandeurs et des demandeuses d’asile, sous le coup de la procédure dite Dublin, qui vivent des situations très compliquées. Même si je suis précaire, soyons clairs, on ne vit pas leur situation.
Le simple fait de créer cette équipe est extrêmement fort de sens. Je n’ai pas envie de prendre plus de place, j’aide juste d’un point de vue administratif autant que je le peux, mais le plus important est de dire que c’est leur initiative et qu’il ne s’agit pas pour moi de me l’approprier en tant que femme blanche. Ce sont eux qui seront sur leur terrain. Nous les aidons simplement à mettre en pratique leur projet tout en appelant à bénéficier de soutiens du département ou de la région.
Propos recueillis et édités par Philippe Peyre.
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