Coupe du monde féminine de football : le drapeau arc-en-ciel géant des Dégommeuses ouvre le jeu
L'équipe de football Les Dégommeuses a agité un drapeau arc-en-ciel dans les gradins du Parc des princes vendredi soir. Une opération de visibilisation des joueuses LGBT+ aussi réussie que le match des bleues.
Les Dégommeuses ne sont pas passées inaperçues lors de l’ouverture de la Coupe du monde féminine de football vendredi 7 juin au Parc des princes, à Paris. Les « Dégos » ont déployé un drapeau arc-en-ciel géant dans les gradins du stade.
Komitid s’est entretenu avec Marine Rome, co-présidente de l’association, composée majoritairement de femmes lesbiennes et transgenres, pour comprendre un peu mieux l’origine de cette action.
Komitid : Racontez-nous ce qui s’est passé vendredi soir ?
Marine Rome : Nous étions 50 dégommeuses au Parc des princes, pour l’ouverture de la coupe du monde. L’idée était d’être présentes à ce grand moment de promotion du foot féminin, c’est quelque chose que nous attendions depuis très longtemps. Déjà en tant que joueuses, mais aussi en tant que militantes, parce que les dégommeuses ce n’est pas juste une équipe de foot, c’est une équipe militante : c’était important pour nous de marquer le coup. Nous avons donc voulu reprendre la culture foot et travailler sur les tifos, qui sont assez courants dans les stades de foot (les tifos sont les grands drapeaux déployés par les supporters dans les gradins, ndlr). Nous voulions essayer, sachant qu’il est normalement interdit d’afficher un symbole à caractère politique, de déployer ce tifo arc-en-ciel symbole de la communauté LGBT+ pour visibiliser les joueuses lesbiennes et bisexuelles. Nous avons réussi à dérouler la banderole juste avant le début du match, et à la tenir pendant environ cinq minutes. Tout ça a été très calme, et nous sommes très fières d’avoir pu faire ça. C’est un moment important pour les Dégommeuses, déjà parce que pour plus de la moitié c’était la première fois au stade, donc découvrir un stade plein avec quarante mille personnes pour l’ouverture de la coupe du monde, c’est émouvant. Même pour celles qui étaient déjà allées à un match, d’ailleurs. D’avoir réussi comme ça, collectivement, à cinquante, à dérouler un drapeau arc-en-ciel géant, c’est une grande fierté.
Pourquoi avoir choisi de déployer ce tifo ?
Nous sommes toutes militantes et amatrices de foot, c’est donc tout naturel pour nous d’avoir fait cette action, bien que nous sachions que cela n’allait pas forcément réussir du fait de l’interdiction en match de coupe du monde. Et puis, en tant que militantes nous savons que si on ne nous donne pas la place, il faut la prendre. Rappelons qu’il n’y aucune joueuse de foot de haut niveau en activité en France qui a fait son coming out. C’est une spécificité française, puisqu’il y en a dans de nombreux pays qui seront à la coupe du monde, notamment dans l’équipe des États-Unis où il y a quatre joueuses ouvertement lesbiennes. Il y en a aussi plusieurs en Suède, en Espagne… Donc c’est quelque chose de particulier à la France. Si on pousse un peu l’analyse, cela montre qu’il y a une lesbophobie structurelle, qui n’est pas nommée mais qui est bien là.
Comment se manifeste cette lesbophobie structurelle ?
C’est avant tout un fort tabou et une forte injonction sur ces joueuses lesbiennes et bisexuelles. Il y a une véritable injonction d’être des “vrais femmes”, parce que le foot est sport “masculin” donc on leur demande d’être féminines quand même pour “rassurer”.
Nous voulons lever le silence, l’omerta totale sur l’homosexualité dans le monde du foot, et encourager les fédérations et les clubs à créer des conditions favorables à la pratique du foot pour les femmes lesbiennes et bisexuelles.
Quelles ont été les réactions face à ce drapeau arc-en-ciel ?
Le tifo a été vu de tous les côtés du stade, et c’est une vraie réussite. Beaucoup de photos on été publiées sur les réseaux sociaux, et nous avons reçu beaucoup de soutien et de félicitations. Sur place, c’était aussi très positif, les gens nous filmaient et nous ont félicitées. Nous n’avons eu aucun problème. Nous sommes vraiment ravies de l’avoir fait, et nous espérons avoir atteint notre but et sensibilisé à la question de l’invisibilisation des femmes bisexuelles et lesbiennes dans le sport féminin. C’est notre souhait le plus cher.
Est-ce que Les Dégommeuses ont prévu d’autres actions pour cette coupe du monde ?
Oui, nous avons un programme associatif très chargé. Nous avons aussi lancé un appel à la création d’affiches, pour représenter toute la diversité des footballeuses. Elles seront exposées au village de la Coupe du monde, aux Halles, et ailleurs dans Paris.
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