72ème Festival de Cannes : quels sont les films au fort potentiel queer
La liste des films sélectionnés pour la 72ème édition, qui se déroulera du 14 au 25 mai, laisse augurer le meilleur : 16 films ont un fort potentiel queer.
Après une édition 2018 riche en films queer, audacieux et singuliers comme Plaire, aimer et courir vite, Un Couteau dans le cœur, Girl ou Border, la liste des films sélectionnés pour la 72ème édition, qui se déroulera du 14 au 25 mai, laisse augurer le meilleur : 16 films ont un fort potentiel queer. Analyse des forces en présence pour la Queer Palm dont le 10ème jury sera présidé par la comédienne Virginie Ledoyen.
Pas moins de 16 films ont été identifiés par les programmateurs des différentes sélections cannoises comme étant queer ce qui laisse présager d’une année assez riche. Il y a d’abord les habitués (des hommes) de la compétition officielle : Almodovar, Dolan, et, plus surprenant, Desplechin.
Avec Douleur et Gloire, son 21ème long métrage, Pedro Almodóvar se lance dans une sorte d’autoportrait à clé. Antonio Banderas y interprète un cinéaste qui traverse les années en quête d’un équilibre fragile entre vie professionnelle faite de création et vie privée. Matthias et Maxime est le huitième film du Canadien Xavier Dolan qui vient pour sa part de fêter ses 30 ans et retrouve les deux côtés de la caméra puisqu’il interprète l’un des personnages principaux de cette histoire d’amitié entre deux garçons qui va être transformée, transfigurée par un baiser de cinéma.
Enfin, Arnaud Desplechin avec Roubaix, une lumière, intrigue. En se penchant sur un fait divers, il réunit Léa Seydoux et Sara Forestier en couple de toxicomanes soupçonnées de meurtre et leur oppose un duo de policiers inédit formé par Roshdy Zem et Antoine Reinartz, découvert en président d’Act Up-Paris dans 120 battements par minute de Robin Campillo.
Deux cinéastes queer majeur.e.s font leur arrivée en compétition pour la première fois ! C’est le cas de la réalisatrice Céline Sciamma dont on attend beaucoup après Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles et de Ira Sachs, réalisateur new-yorkais de Love is strange ou de Keep The Lights On.
Céline Sciamma change radicalement de style et d’époque pour ce Portrait de la jeune fille en feu dont l’action se déroule sur une petite île de Bretagne au XVIIIème siècle. Ce film marque aussi les retrouvailles de la cinéaste avec Adèle Haenel qui est l’actrice à suivre de ce festival avec pas moins de trois films. Ira Sachs, lui, va sans doute surprendre avec Franckie, le portrait d’une famille confrontée à un événement dramatique en pleines vacances à Sintra au Portugal, avec à l’affiche ni plus ni moins qu’Isabelle Huppert qui fait ici sa 26ème apparition en compétition à Cannes.
Western futuriste et politique
Le Brésilien Kleber Mendonça Filhio fait son retour en compétition. Deux ans après le sublime Aquarius, il coréalise Bacurau avec Juliano Dornelles. Ce western futuriste et politique permettra de retrouver Sonia Braga, héroïne d’Aquarius et icône gay brésilienne absolue. Après le succès du contestable Bohemian Rhapsody, le Festival de Cannes a choisi de projeter, hors-compétition, le nouveau biopic de Dexter Fletcher (qui avait repris la réalisation du film consacré à Queen suite au départ de Bryan Singer) sur un chanteur gay anglais. Dans Rocketman, Taron Egerton incarne Elton John dans un film validé par la star qui viendra même faire une apparition sur les marches.
Dans la section Un Certain Regard, l’on va s’intéresser de près aux relations fortes entre femmes dans Beanpole du Russe Kantemir Balagov ou dans Adam de la Marocaine Maryam Touzani. On pourra aller gambader avec Albert Serra dans les buissons ardents du libertinage français du XVIIème siècle pour son film Liberté. Mais c’est Port Authority de Danielle Lessovitz qui s’annonce comme le film le plus excitant : une histoire d’amour entre un homme cis et une femme trans sur fond de scène voguing new-yorkaise, qui offre l’un des rôles principaux à Leyna Bloom, danseuse, mannequin et comédienne trans.
Côté Quinzaine des Réalisateurs, on nous promet un « coming of age » georgien sur fond de danse (And Then We Danced), un film singulier du réalisateur tunisien à suivre, Ala Eddine Slim qui propose Tlamess (moins d’un an après son incroyable The Last of Us) et le nouveau film de Bertrand Bonello, Zombi Child, qui se déroule dans le pensionnat de la Légion d’honneur sur fond de mysticisme haïtien. Côté Semaine de la critique, on mise tout sur le premier film réalisé par Hafsia Herzi. Avec Tu mérites un amour, la comédienne découverte par Abdelatif Kechiche dans La Graine et le mulet dresse le portrait vivifiant d’une jeune femme de 30 ans qui tente d’oublier un chagrin d’amour. Enfin, un seul documentaire sera visionné par le jury de la Queer Palm, il est présenté par l’Acid, la sélection des cinéastes indépendants, c’est le portrait d’une femme transgenre en résistance au Brésil. Le film porte son nom : Indianara.
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