Comment la série « Now Apocalypse » de Gregg Araki explore la sexualité des millenials
Fétichismes, polyamour et fluidité sont au programme de cette série hors-normes, sans oublier les thèmes chers au réalisateur Gregg Araki : les aliens, la fin du monde et la fumette.
Now Apocalypse ne ressemble à aucune autre série. Diffusée en ce moment sur la chaîne Starz aux États-Unis, elle mêle science-fiction, tribulations d’une bande de potes à Los Angeles et exposé de la sexualité moderne. Ulysses et ses amis Carly et Ford essaient de percer à Hollywood (ce n’est pas une réussite) et de s’éclater sexuellement (de ce côté, pas de problème). Leurs vies bordéliques vont devenir complètement délirantes quand Ulysses commence à avoir des hallucinations d’aliens reptiliens. Est-ce la weed ou une conspiration ? Et que fait Severine, la copine de Ford, dans son labo top secret ?
Seul le réalisateur Gregg Araki aurait pu imaginer une telle série. On y retrouve le psychédélisme de son film Smiley Face, l’explosion sexuelle de Kaboom et l’étrangeté de Mysterious Skin. Pour écrire la vie de ces vingtenaires, le réalisateur, qui s’approche de la soixantaine, a travaillé avec Karley Sciortino. Cette journaliste trentenaire est experte de la sexualité positive. Elle a notamment créé Slutever, un site et une série documentaire pour Viceland dans lesquelles elle décrypte des pratiques sexuelles méconnues et souvent taboues. Résultat : une série qui reflète avec un réalisme rare la fluidité de la sexualité moderne.
Dans cette série psychadéliqueer, les personnages portent des tenues audacieuses et sexy qui prouvent une envie de brouiller les pistes et de célébrer la vie. Ils aiment aussi bien passer le weekend à se masturber que visiter un donjon SM ou s’essayer à de nouveaux kinks. C’est un peu PrEP, partouze et pisse. Au delà de l’exploration sexuelle, la série parle de couple, de monogamie, d’intensité des sentiments, de ghosting et d’adéquation des envies. Voici cinq leçons à garder de Now Apocalypse.
Le monde est queer
À celles et ceux qui s’amusent à dire que tout ce brouhaha LGBTQIA n’est qu’une question de mode, nous rappelons que le monde n’a jamais été hétéro. Et les personnages de Now Apocalypse en sont bien conscients. Quand Carly, qui n’arrive pas à savoir si un mec la drague ou drague Ulysses, soupire qu’elle « préférait quand tout le monde était hétéro, c’était plus simple », Ulysses pose la vraie question : « C’était quand exactement ? ». On a la réponse : jamais.
C’est rare d’être à zéro sur l’échelle de Kinsey
Cela ne veut pas dire que l’hétérosexualité n’existe pas. Au grand dam d’Ulysses, Ford est « un rare zéro sur l’échelle de Kinsey ». Même face à un homme à son goût, il est incapable de passer à l’action. C’est bien le seul dans la série. Ulysses par exemple estime être à 4 sur l’échelle de Kinsey. Il lui arrive de fantasmer sur des femmes et de coucher avec, mais ce n’est pas parce qu’il aime « commander hors du menu gay » pour le plaisir de pénétrer un vagin ou de faire un cunni qu’il est bi. Il est toujours indécrottablement gay.
Tous les fétichismes sont bienvenus
Pour arrondir ses fins de mois sans avoir à quitter son lit, Carly décide d’exercer comme camgirl. Urophilie, fétichisme des pieds et soumission, elle découvre ainsi que tous les kinks sont valides. Un peu par accident, son copain et elle se mettent à tester le SM. Un changement de dynamique qui tombe à pic pour ce couple et ouvre les chemins de désir de Carly.
La monogamie n’est pas naturelle…
Pour Severine, « la monogamie est une forme de contrôle social qui va à l’encontre de notre nature ». Son argument est soutenu par la science. « Pendant des siècles, les humains ont été membres de groupes égalitaires de chasseurs/cueilleurs. Ils partageaient tout, la nourriture, la garde des enfants, les partenaires sexuels (…) puis l’agriculture est arrivée et les gens sont devenus obsédés par la propriété et la notion de propriété privée. » Elle estime qu’il est tout à fait normal et sain de penser à d’autres personnes et que la liberté vient avec l’ouverture du couple.
… Mais le polyamour n’est pas obligatoire
L’argument a beau être beau, l’indépendance sexuelle n’est pas pour tout le monde. Ford, le copain de Severine, est partagé. D’un côté, il trouve cela très excitant d’aller à des partouzes avec sa copine, de l’autre, il ne supporte pas l’idée qu’elle soit avec quelqu’un d’autre. Il et elle arrivent à un accord : oui au sexe avec d’autres personnes, mais ensemble. Now Apocalypse nous rappelle qu’un couple ne peut réussir qu’avec de la communication. Il faut exprimer ses désirs et établir des règles qui conviennent aux deux parties.
C’est finalement le message bien sage de Now Apocalypse : si deux personnes s’entendent bien et veulent les mêmes choses, autant foncer.