Slovaquie : la victoire de Zuzana Čaputová est-elle vraiment une bonne nouvelle pour les personnes LGBT+ ?
Si l'élection d'une nouvelle présidente, pro-LGBT+, en Slovaquie est une bonne nouvelle, elle ne signifie pas que le pays est devenu moins conservateur. Décryptage avec l'aide d'expert.e.s slovaques.
« De l'espoir. » C'est assez indéniablement ce qu'évoque la victoire Zuzana Čaputová, devenue présidente de la Slovaquie dimanche 31 mars dernier. Encore inconnue du grand public il y a quelques mois, l'avocate spécialisée dans l'environnement a été élue sur un message anticorruption et a largement défait son opposant principal, le commissaire européen Maroš Šefčovič, soutenu par le pouvoir en place.
Première femme à occuper ce poste, Zuzana Čaputová a fait la une des médias internationaux. Libérale sur les questions de société, la femme politique est une alliée sur les droits des personnes LGBT+. Elle s'est d'ailleurs prononcée en faveur de l'union civile et de l'adoption pour les couples de même sexe. Une mini révolution pour ce pays de 5,5 millions d'habitant.e.s, souvent perçu comme le petit frère conservateur de la République tchèque. Mais la victoire de l'ancienne avocate de 45 ans ne signifie pas que tout va changer pour les personnes LGBT+ slovaques. Explications.
Où en sont les droits des personnes LGBT+ en Slovaquie ?
Prenez la République Tchèque et inversez la tendance. D'un point de vue légal, les personnes LGBT+ slovaques bénéficient d'un arsenal législatif plutôt protecteur, les discriminations basées sur l'orientation sexuelle ou l'identité de genre étant interdites par la loi. Le pays d'Europe centrale n'a en revanche pas légalisé ni les unions civiles, ni les mariages de couples de même sexe, une interdiction constitutionnelle étant même en place depuis 2014. La Slovaquie, en ligne avec le droit de l'Union européenne, reconnait cependant partiellement les mariages gays et lesbiens contractés à l'étranger.
La population slovaque reste globalement conservatrice, même si comme partout ailleurs en Europe, le degré d'acceptance des personnes LGBT+ a tendance à évoluer positivement. « Les personnes LGBT+ sont largement plus visibles qu'il y a dix ans », explique à Komitid Martin Macko, le président d'Iniciatíva Inakosť, association LGBT+ de Bratislava. « Cela a changé les perceptions du public. Mais bien évidemment cela veut aussi dire qu'il y a plus d'actes de violence. »
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