Agnès Varda, une femme de cinéma si libre

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L'immense réalisatrice de « Cleo de 5 à 7 » et de « Sans toit ni loi », ainsi que d'innombrables documentaires, s'est éteinte le 29 mars 2019. Elle était une des premières femmes cinéastes et elle s'est battue jusqu'au bout pour les droits des femmes.

Agnès Varda au festival du film de Berlin, février 2019 - Denis Makarenko / Shutterstock
Agnès Varda au festival du film de Berlin, février 2019 - Denis Makarenko / Shutterstock
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Féministe, généreuse, inventive, profonde et légère à la fois, toujours à l'affût du monde et des arts, Agnès Varda était devenue au fil des ans un personnage familier pour lequel on ne pouvait qu'éprouver une infinie tendresse. Mais la cinéaste, qui vient de disparaître à 90 ans, était aussi la veuve de Jacques Demy dont elle n'a eu de cesse de protéger et de défendre l'œuvre et la mémoire. Pour le meilleur… et pour le moins bon.

Lorsqu'Agnès Varda paraît, au mitan des années 1950, il n'y a pas de réalisatrice dans le cinéma français. C'est un peu faux de dire cela — on a tendance à oublier la trop méconnue Jacqueline Audry, seule cinéaste femme de l'après-guerre, qui poursuit alors sa carrière —, mais cela signale assez l'une des caractéristiques de Varda tout au long de son parcours : elle sera une pionnière, et notamment une pionnière du droit des femmes.

1955. Avec La Pointe courte, la jeune femme, jusqu'alors photographe, tourne à Sète son premier film. Mélangeant regard documentaire sur les habitants de ce quartier de pêcheurs, et drame amoureux d'un couple qui déambule, Varda y révèle ce qui sera l'essence particulière de son art, alliance permanente d'un vrai sens du romanesque et attention précise au réel. Son œuvre à venir sera d'ailleurs constituée presque à parité de fictions et de documentaires (dont un, intitulé Documenteur, ce qui dit bien qu'elle n'était pas dupe de la capacité à enregistrer le réel).

On rattache alors la débutante au néo-réalisme italien finissant ; bientôt on verra que sa liberté d'écriture et de tournage marque en fait les prémices de la Nouvelle Vague, quatre ans avant Chabrol, Truffaut, Godard et les autres.

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