Le manga LGBT+, une mutation qui fait de moins en moins mauvais genre
Du culte « Le Mari de mon frère » de Gengoroh Tagame au poétique « Éclat(s) d’âme » de Kamatani Yuhki, le manga LGBT ne cesse d'évoluer et de se réinventer, quittant les écueils de la fétichisation pour une représentation plus fidèle et respectueuse.
La culture populaire japonaise est un bon miroir de sa société. Et son medium favori, le manga, aborde de plus en plus des thématiques LGBT. Mieux, il le fait avec de plus en plus d’acuité et de précision.
Tout commence dans les années 70
Cette présence de thématiques LGBT ne date pas d’hier, mais la manière de représenter une sexualité non-hétérosexuelle a, en quarante ans, traversé autant d’intentions, de cahiers des charges et de sensibilités.
Les révolutions progressistes des seventies ont accompagné des œuvres-clés. Dès Devilman de Go Nagai, publié au début des années 70, l’homosexualité a une place novatrice dans ce récit sombre et crépusculaire, dont une réinterprétation par Masaaki Yuasa est disponible sur Netflix. Issu de la même période, La plaine du Kantô de Kazuo Kamimura est un autre bon exemple de représentation gay.
En revanche, il existe moult œuvres yaoi (entre hommes, souvent à destination des femmes) ou yuri (et inversement) sans intérêt. Des œuvres érotiques ou pornographiques, dominées par un cahier des charges : une structure simple, vaguement romantique, où deux personnages ou plus se tournent autour.
Un imaginaire de début de siècle
Spécialiste du genre, Guillaume Kapp a longtemps évolué dans des maisons d’édition dédiées au manga (Taifu Comics, Ototo, Ofelbe). Contacté par Komitid, il rappelle que le yuri « vient de la littérature Esu, née au début du XXe siècle, qui désigne les relations intimes que peuvent entretenir des jeunes filles au sein de leur établissement scolaire ». Il estime que la genèse du yaoi est sémantiquement claire : « pas d’apogée, pas de chute, pas d’histoire ».
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