James Ivory : « Avec “Maurice”, je suis heureux d’avoir fait quelque chose qui rend les gens plus heureux qu’ils ne l’étaient »
La ressortie en version restaurée de « Maurice », un des plus beaux films gays du monde, est l'occasion pour une interview avec son réalisateur, James Ivory. Il était récemment l'invité d'honneur du festival queer lyonnais Écrans Mixtes.
S’il n’a reçu son premier Oscar qu’en 2018 pour le scénario adapté de Call Me By Your Name, l’Américain James Ivory est une légende du cinéma. Le duo qu’il forma avec son compagnon et producteur indien Ismail Merchant, jusqu’à la mort de ce dernier en 2005, fut l’un des plus productifs d’Hollywood.
Près de 30 films depuis leur rencontre en 1961, un Lion d’argent à Venise avec Maurice en 1987, et trois nominations à l’Oscar du meilleur réalisateur en 1987 pour Chambre avec vue, en 1993, Retour à Howards Ends et en 1994 pour Les Vestiges du jour. Komitid a rencontré le réalisateur de 91 ans, cinéaste du raffinement, lors de son séjour à Lyon, invité par le festival Écrans Mixtes pour ce qui a été la première rétrospective de son œuvre en France. L’homme est élégant, souvent ironique et en grande forme. Ses yeux brillent toujours quand il parle de celui avec qui il a fondé la légendaire société Merchant Ivory Productions, une belle façon d’unir leur deux noms à jamais.
Komitid : Êtes-vous heureux qu’un festival queer vous mette à l’honneur comme c’est le cas à Lyon avec Ecrans Mixtes ?
James Ivory : J’aime beaucoup ça. J’étais très heureux de venir ! C’est le dernier d’une grande série puisque, grâce au succès de Call Me By Your Name, j’ai été invité dans de nombreux festivals gays et lesbiens. Je vous assure que je n’ai pas l’impression d’avoir travaillé sur ce film dans ce but mais c’est très gratifiant, très satisfaisant, qu’on décide de me consacrer un hommage et de m’inviter.
Comment avez-vous réagi lors de votre premier Oscar l’année dernière, à 90 ans, justement pour le scénario de Call Me By Your Name ?
Je n’avais jamais été nommé pour l’écriture des scénarios donc j’étais très heureux. Qui ne le serait pas ? Mais on ne fait jamais des films en pensant aux récompenses.
Pour continuer la lecture de cet article :
Vous avez déjà un accès ?
- Quatre romans LGBT+ à lire cet automne
- Cinéma : « Trois kilomètres jusqu'à la fin du monde » ou l'homophobie en Roumanie
- Almodovar, le réalisateur qui a donné des couleurs au cinéma espagnol
- James Bond peut attendre : Daniel Craig se déconstruit dans « Queer »
- Grand acteur et grand réactionnaire, Alain Delon s'est éteint