Xavier Dolan : « Les opportunités qu’on offre à un acteur sorti du placard à Hollywood sont-elles les mêmes qu'aux autres ? »
En tournée promo pour son nouveau film, qui sort sur les écrans mercredi 13 mars, Xavier Dolan s'est confié à Komitid sur l'impact d'assumer pleinement sa sexualité et sur sa vision d'une industrie du cinéma américain pas si LGBT friendly qu'elle en a l'air.
A l’occasion de la sortie mercredi 13 mars de son nouveau film, Ma Vie avec John F. Donovan, Xavier Dolan a accordé une interview à Komitid. Il y évoque le propos engagé et personnel de ce film extrêmement abouti et qui renoue avec un lyrisme qui va bien au jeune réalisateur canadien. Xavier Dolan revient sur l’adresse à Hollywood que constitue son premier film en anglais et sur la nécessité du « role model » surtout pour les enfants qui se sentent différents. Et puis, il n'hésite pas à confier qu'il regrette ses propos négatifs sur les prix LGBT… Rencontre avec un réalisateur qui semble avoir mûri et pris conscience du modèle que, lui aussi, peut représenter pour d’autres.
« Ma Vie avec John F. Donovan demeure le film que je voulais faire même s’il y a eu des changements en cours de route, qu’il a évolué et qu’on a dû sacrifier certaines idées »
Komitid : Y avait-il avec ce film l’envie d’aller sur un terrain « hollywoodien » pour mieux s’attaquer au système ?
Xavier Dolan : Ce n’est pas vraiment hollywoodien. J’avais une histoire à raconter et il se trouve qu’il fallait bien que je la raconte à travers un acteur américain car nous n’avons pas ce star-system au Québec, ni en France je crois. Il n’y a pas l’équivalent de ce star-system auquel moi j’avais envie de m’attaquer. C’est circonstanciel, je n’avais pas envie d’aller faire un film aux États-Unis, d’ailleurs je n’y suis pas allé. J’ai fait le film chez moi et à Prague, à Londres, partout en fait sauf aux États-Unis ! Ma Vie avec John F. Donovan demeure le film que je voulais faire même s’il y a eu des changements en cours de route, qu’il a évolué et qu’on a dû sacrifier certaines idées qui n’étaient pas nécessairement les bonnes, des fautes de ton, des fautes de goût. En tout cas, c’est en tout point le film que je rêvais de faire.
Si ce n’est pas un film hollywoodien, c’est quand même un film qui s’adresse à Hollywood ?
… Oui, c’est vrai !
Et sans doute votre premier film éminemment politique…
Peut-être. Je pense que le film essaie de dire que c’est encore difficile, même aujourd’hui, de vivre sa vie et sa carrière conjointement et avec intégrité. Parce qu’évidement, en assumant sa sexualité, est-ce qu’on ne définit pas d’entrée de jeu la carrière qui peut s’offrir à nous ?
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