Bon Chic No Genre : les designers africains brisent les diktats du genre
Sur le continent africain, des créateurs dépassent les clivages entre féminin et masculin et font du vêtement un véritable outil politique. Décryptage de cette nouvelle tendance, à travers ceux qui la font.
Sur le continent africain, on observe une remise en question de la binarité du genre dans l’industrie de la mode depuis quelques années. À travers la nouvelle génération de designers tels que Lukhanyo Mdingi et Rich Mnisi, tous deux sud-africains, celles d’Adebayo Oke-Lawal de la marque nigériane Orange Culture, ou encore le burkinabè Bernie Seb, fondateur de De La Sébure, les dress codes explosent, la mode se dégenre et les silhouettes se fluidifient.
« La mode participe au bouleversement des normes de la société », souligne la sociologue Emilie Coutant dans Marketing et management de la mode. Comme un outil de remise en question de l'ordre établi, elle « souhaite volontairement provoquer, quitte à choquer, pour marquer les esprits et bouleverser les valeurs établies, confronter les styles et les genres pour dépasser les clivages et les dichotomies. » Des clivages que ces designers dépassent : leur choix des matières, des coupes et des volumes fissure la binarité du masculin-féminin.
Plus qu’une simple tendance
Pour Bernie Seb, basé à Paris et fondateur de la marque De La Sébure en 2015, les vêtements neutres sont « un mouvement de fond » : « Des marques qui ont des vêtements neutres et fluides, il y en a toujours eu. Des gens ont toujours acheté des fringues dans les deux rayons » affirme-t-il avant de nuancer, « c’est aussi tendance parce que c’est d’actualité. » Logique donc, que l’industrie de la mode participe au bouleversement de ces normes. Pour cause, à l’ère post-metoo, le sexisme, les identités de genre, la remise en cause d’une masculinité unique, sont des sujets qui résonnent dans chaque société, avec plus ou moins d’effets. À mi-chemin entre tradition africaine et modernisme européen, sa collection Bal Poussière, s’inspire des années 60 et 70. C’est en regardant les albums de ses parents lors de leurs bals poussière (des bals populaires en plein air qui tirent leur nom du film de 1988 Bal Poussière réalisé par Henri Duparc) qu’il est frappé par leurs vêtements, « des chemises moulantes, décolletées et évasées au bout des manches ».
« Des marques qui ont des vêtements neutres et fluides, il y en a toujours eu. »
Rich Mnisi, designer sud-africain, lauréat de l’Africa Fashion International Young Designer en 2014, affirme ne s’être jamais posé la question d’une tendance ou d’un mouvement. « Quand je crée, je ne pense pas à des coupes cintrées et super moulantes pour les femmes. Bien sûr la silhouette doit être flatteuse, mais pas nécessairement masculine ou féminine. Je ne me limite pas à ça ».
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arnosa
Effectivement sans doute pour des pays tres gay friendly, comme l’Afrique du Sud, où le mariage gay existait avant la France!