Cyberharcèlement : jusqu'à quand allons nous laisser les minorités encaisser les coups ?
Pour chaque Bilal, pour chaque Olga, combien d'internautes anonymes poussés au suicide, à la dépression ou à la haine de soi pour ce qu'ils et elles sont ? Il est temps que les pouvoirs publics et les GAFA réagissent.
Bonjour vous,
J’aurais aimé démarrer cet édito par des amabilités, mais vous ne pourrez pas y couper : il faut que l’on parle cyberharcèlement. D’abord celui que subit de plein fouet le fabuleux Bilal Hassani, désigné le week-end dernier comme le représentant de la France à l’Eurovision. Ce sont des dizaines… non, des centaines… non des milliers de messages haineux que reçoit le jeune homme de 19 ans chaque semaine. Insultes homophobes, racistes, parfois même des appels aux meurtres. Rien n’est épargné à celui qui porte fièrement perruques et maquillage. Pourtant, Bilal n’a fait qu’un choix : celui d’assumer entièrement qui il est.
S’il y a une chose à admirer, c’est le courage de l’artiste. Courage d’assumer, courage de répondre, inlassablement aux questions liées à son identité, courage de réagir, de porter plainte… mais aussi courage de ne rien dire parfois. Bilal, tu es qui j’aurais voulu être si j’avais été courageux. À ta place, j’aurais déjà coupé tous les réseaux sociaux et me serais retiré sur l’île de Ouessant pour y élever des brebis. Mais non, tu es toujours là, toi même, fier comme un Roi.
« Cuir épais »
Le cyberharcèlement, c’est aussi ce que vit au quotidien ma chère collègue Olga Volfson ? Pourquoi ? Parce qu’elle est grosse, féministe et bisexuelle et qu’elle a l’outrecuidance de n’en avoir rien à faire. J’aimerais pouvoir rire des quelques trolls qui l’insultent chaque jour. Sauf que depuis jeudi et la publication d’une vidéo devenue virale sur « L’hétérophobie », les attaques se sont intensifiées. Insultes sur le physique, crachats sexistes et menaces, rien n’aura été épargné à ma collègue.
C’est la première fois que j’observe d’aussi près une campagne aussi intense de cyberharcèlement. À vrai dire, il m’est assez difficile de passer outre, de ne pas réagir, de ne pas avoir envie de tout couper. Et pourtant, Olga, elle, porte ces insultes comme un badge d’honneur. Elle répond, signale et se moque des trolls en permanence. « J’ai le cuir épais » me dit-elle, avant de me rappeler qu’elle « a l’habitude ». C’est salutaire.
« Pour chaque Bilal, pour chaque Olga, combien d’internautes anonymes poussés au suicide, à la dépression ou à la haine de soi pour ce qu’ils et elles sont ? »
Mais je ne peux pas m’empêcher de demander pourquoi, en 2019, une personne issue d’une minorité qui décide d’en parler devrait « avoir le cuir épais ». Il est évident que les insultes ne sont pas nées avec internet. Mais le fait que Google, Facebook et Twitter n’arrivent toujours pas à modérer les commentaires haineux en dit long sur leurs priorités. Clairement, et malgré les beaux discours, le but n’est pas de protéger les plus vulnérables. Mettre en avant « la diversité » mais ne pas l’écouter quand elle parle et la jeter en pâture à des trolls ne peux pas faire l’affaire. On peut signaler les contenus haineux ? Bien, mais cela serait encore mieux si les signalements étaient suivi d’actes.
D’autant que le cyberharcèlement ne touche évidemment pas que les personnes connues. Pour chaque Bilal, pour chaque Olga, combien d’internautes anonymes poussés au suicide, à la dépression ou à la haine de soi pour ce qu’ils et elles sont ? Combien d’Envoyé Spécial, combien de soirée thématiques sur Arte, combien de campagnes au lycée faudra-t-il pour que les pouvoirs publics et les GAFA prennent la mesure de ce qu’il se passe ?
Qui sait, peut-être que l’appel de plusieurs député.e.s En Marche, à durcir les sanctions contre les trolls, aura un effet. En attendant, les messages postés en ligne sont peut être virtuels, les vies qui se retrouvent secouées et meurtries par le cyberharcèlement sont bien réelles. Et tout le monde à l’air de trouver ça normal.
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phil86
Je pense que les non haineux devraient déserter ces réseaux sociaux de merde comme ça ça mettrait leurs dirigeants et administrateurs seuls face au monstre qu’ils ont créé.
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phil86
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