« L’Amour debout », une chronique délicate de la découverte de soi
Deux ex, Martin et Léa, montent à Paris à 25 ans pour vivre leurs vies. Lui va assumer son homosexualité, elle, va tomber amoureuse d’un homme plus âgé. Un film délicat en forme d’éloge de nos vies banales entre passion du cinéma, échappées musicales et balades parisiennes.
Il est assez difficile de catégoriser un film comme L’Amour debout sans se conformer aux jugements de valeurs qui consistent à séparer films majeurs et mineurs.
Si l’on établit qu’un blockbuster américain est un film « majuscule », qui affirme haut et fort ses lignes narratives et ses propos, comme on écrit en majuscules sur les réseaux sociaux pour crier, le film de Michaël Dacheux pourrait alors, sans rougir, appartenir à un genre à part entière, le film « minuscule », celui qui susurre délicatement à l’oreille du spectateur, qui ne prétend pas détenir la vérité et qui projette ses personnages dans des destins qui n’ont rien d’extraordinaires mais qui nous parlent et entrent en écho avec nos histoires.
En quatre saisons et une vingtaine de scènes, L’Amour debout suit les débuts de vie parisienne de deux ex, d’une vingtaine d’années, qui se sont quittés après deux ans de vie commune à Toulouse. D’un côté Léa, jeune guide touristique qui fait découvrir Paris à des petits groupes de passionné.e.s et va, via son boulot, rencontrer un homme plus âgé, Jicé, un compositeur qui vit sur un bateau. De l’autre, Martin, jeune homme qui sort d’une école de cinéma et va animer des ateliers en milieu scolaire. Martin va faire son coming out bi (scène d’une évidence salutaire) et, enfin, essayer de faire l’amour avec un homme sans que cela soit anonyme, entre deux portes, debout. Leur trajectoires sur cette année-charnière vont (attention mini-spoiler !), finalement, se recroiser, chacun ayant désormais construit les bases de sa propre vie, de la suite, de l’après-eux.
La présence des comédien.ne.s Françoise Lebrun (dans son propre rôle), Pascal Cervo (vu récemment dans Jours de France) ou l’évocation du cinéma d’Eustache (On assiste à la vraie projection-événement de La Maman et la putain à la Cinémathèque de Paris avec Martin) inscrit le film de Michaël Dacheux dans un héritage : celui de réalisateurs comme Paul Vecchiali (Rosa la rose, fille publique, ou Encore et, plus récemment, Le Cancre), Jean-Claude Biette, décédé en 2003 (Chasse gardée, Le Complexe de Toulon) ou encore Jean-Paul Civeyrac qui nous a ébloui l’année dernière avec Mes Provinciales.
Peu connus du grand public, ces figures du film indépendant français ont creusé le sillon d’un cinéma réaliste, inclusif, proche de ses personnages mais qui ne s’interdit pas des détours, des évocations de l’ordre du merveilleux et de l’intemporel ainsi qu’une vision simple et décomplexée de la sexualité, de toutes les sexualités. Ici la musique qu’elle soit de Ravel, de Schuman, des vieilles chansons de la culture populaire ou encore des chants de chorale, apporte cette touche sensible un peu irréelle et hors-du-temps.
« L’Amour Debout »
Réalisé par Michaël Dacheux
Chronique amoureuse et cinéphile – France – 1h23
Distribution : Paul Delbreil, Adèle Csech, Samuel Fasse, Jean-Christophe Marti, Thibaut Destouches, Shirley Mirande, Pascal Cervo et Françoise Lebrun
En salles le 30 janvier 2019
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phil86
Vous savez donner envie de voir les films que vous présentez ! Hélas encore un film très mal distribué et quasiment invisible en dehors des grandes métropoles .