« On se bat contre un mur » : l'interminable combat des mères sociales pour être reconnues

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Dans un couple lesbien, la mère sociale est celle qui n'a pas porté l'enfant. Hors mariage, impossible d'apparaître sur l'acte de naissance et donc de pouvoir exercer son autorité parentale. Une situation inégale dont certaines mères légales abusent lors d'un conflit pour priver l'autre de tout lien avec l'enfant. Conséquence : des situations dramatiques qui disent combien une réforme de la filiation est nécessaire en France.

« On se bat contre un mur » : l'interminable combat des mères sociales pour être reconnues - Illustration de Carole Maurel / Komitid
« On se bat contre un mur » : l'interminable combat des mères sociales pour être reconnues - Illustration de Carole Maurel / Komitid
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« Elle m’a dit que je ne le reverrai plus jamais ». C’est par mail que Malika Allaoui, francilienne de 38 ans, apprend de son ex-compagne avec qui elle a passé 15 ans de sa vie qu’elle est partie avec Ilyane, leur fils de six ans. C’était il y a six mois. Nous l’avons rencontrée dans une brasserie parisienne début décembre, attablée devant un chocolat viennois, enchaînant les clopes. Nous aussi. Difficile de ne pas être bouleversé.e par son récit, celui d’une mère privée de son gamin depuis six mois et qui n’a aucun droit sur lui car considérée comme une tierce personne. On se retrouve face à cette femme tonique au visage cerné d’inquiétude qui s’effondre en larmes dès qu’on évoque ses moments de complicité avec le petit. « C’est moi qui ait tenu la pipette pour participer à sa conception », lâche-t-elle. Tout un symbole.

Parce que Malika ne s’est pas protégée juridiquement, elle en paye le prix fort aujourd’hui. « Pendant six ans j’ai insisté pour qu’on entame les démarches, je l’ai même demandée en mariage et elle a dit oui, mais au final, on n'a rien fait parce que ses parents s’y opposaient par rapport à mes origines. » Pas de mariage signifie pas d’adoption donc pas de filiation. Malika n’est pas légalement la mère d'Ilyane, elle est ce qu’on appelle communément une « mère sociale ». Un seul objectif désormais, demander un partage de l’autorité parentale et une résidence alternée devant le tribunal de grande instance.

« J'ai perdu un an de procédure »

Malika s'était accrochée à la promesse que jamais elle ne serait privée de son fils, « peu importe ce qu’il se passerait entre nous ». Cette promesse, Christel Freund, Perpignanaise de 45 ans interrogée par Komitid, l’a aussi entendue plusieurs fois. Plus de deux ans qu'elle n’a pas vu ses jumelles âgées de quatre ans. Elle non plus ne s'était pas mariée, remettant toujours le projet à plus tard. Sauf que très vite après la séparation, la situation s’est envenimée : « Mon ex avait cette facilité à remettre en question de manière unilatérale tout ce qu’on avait décidé, puisque je n’existais pas administrativement », explique Christel. Obligée de quémander pour voir ses filles, elle s’est tournée dans un premier temps vers une avocate sur Montpellier : « Je m’en mords encore les doigts aujourd’hui, elle a déposé une requête pensant qu’il pouvait y avoir une médiation alors que je lui avais bien expliqué que le contact était rompu. Dans ce genre de situation, on assigne devant un tribunal. »

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