Explorez l’univers queer et transgressif de Bertrand Mandico, l’effronté du cinéma français !
Complètement barré, d’une beauté arrogante et d’un lyrisme d’une modernité folle, vous ne pouvez pas rester plus longtemps loin de l’univers fou, fou, fou de ce réalisateur et artiste complet qu’est le Toulousain Bertrand Mandico. Suivez le guide !
Le premier long métrage de Bertrand Mandico, Les Garçons sauvages, a été auréolé de récompenses dans le monde entier et finit l’année en beauté, à la première place du classement le plus attendu de la planète cinéma, celui des vénérables Cahiers du cinéma, publié début décembre. L’occasion de découvrir enfin son univers qui mêle queer et fantasmagories en tout genre, lyrisme et psychanalyse, réflexion sur l’art et la sexualité dans des films-écrins qui sont autant de déclarations d’amour à la comédienne américaine d’origine roumaine, Elina Löwensohn, sa muse et partner in crime depuis 2011.
Androgynie assumée
Ses « garçons sauvages », tous interprétées par de jeunes comédiennes à l’androgynie assumée, parmi lesquelles Diane Rouxel ou Vimala Pons (vues dans La Tête haute, Volontaire ou Marche ou crève plus récemment pour la première et La Loi de la jungle, Je suis à vous tout de suite pour la seconde) lorgnent, dans un noir et blanc travaillé et des décors d’une beauté surréaliste, les univers inspirants des épopées à la Jules Verne (L’Île mystérieuse et Les Voyages extraordinaires) ou à la Stevenson (L’Île au trésor) teintée de la perversité d’un William Burroughs auquel il pique effrontément le titre de son roman. De jeunes délinquants sexuels sont emmenés par un capitaine effrayant de virilité mal dégrossie dans une expédition punitive inquiétante.
Après une traversée en bateau des plus flippantes, ils se retrouvent sur une île digne d’un roman d’épouvante qui va les changer à jamais grâce aux effets de métamorphose de plantes aux fluides et comportements étranges. Mandico déclarait lors de la sortie du film début 2018 à France Culture que « Les Garçons sauvages de Burroughs (l’avait) marqué, comme toute l’œuvre de cet auteur. Cette pulsion adolescente décrite dans le livre est une pulsion que j’ai voulu restituer dans mon film en transposant l’histoire au début du 20ème siècle. Burroughs a imaginé ce bouquin presque comme un scénario, et dans une séquence, un garçon a quasiment une relation sexuelle avec une plante hyper sexuée. Cette image m’avait énormément marqué, ce sont les restes de Burroughs par rapport au film que j’ai mis en place ».
Avant ce long métrage dont la sublime édition dvd est disponible (éditée par Potemkine), Mandico avait déjà réalisé près de 30 films qui exploraient des territoires aussi variés que ceux de l’animation, de la comédie musicale, de l’installation et qui lui ont valu une belle réputation entre initié.e.s, de festivals en expositions. Ses courts métrages les plus connus portent des titres aussi évocateurs que Notre Dame des hormones, Féminisme, Rafale et Politique ou encore Depressive Cop. Il a également longtemps travaillé sur la figure inspirante du cinéaste expérimental et plasticien polonais Walerian Borowczyk et fit un passage à la Villa Médicis en 2014.
Enfin, on ne peut pas évoquer Bertrand Mandico sans parler de sa proximité amicale et professionnelle avec le réalisateur Yann Gonzalez pour qui il a, entre autres, conçu le masque du monstre du court métrage Les Îles. Acteur à l’occasion, il interprétait un réalisateur de pornos gay aux côtés d’une Vanessa Paradis productrice, dans le dernier long métrage de Gonzalez, Un couteau dans le cœur. Son personnage est très ironiquement nommé François Tabou, et se fait piquer tous ses jeunes amants bisexuels par des rivales plus féminines.
Tournage pré-apocalyptique
Son dernier court métrage Ultra Pulpe, sorti en salles cet été au sein du triptyque Ultra Rêve (disponible en dvd sous ce titre, avec Les Îles de Yann Gonzalez et le très beau After School Knife Fight du duo Caroline Poggi-Jonathan Vinel) raconte la fin de tournage pré-apocalyptique d’un film de science-fiction dans une ambiance saturée d’un technicolor semblant venu d’ailleurs. C’était annonciateur puisque le réalisateur travaille en ce moment sur son prochain projet qu’il définit comme « un film d’aventure sur une autre planète » (dans FrenchMania, juillet 2018). Cela nous laisse un peu de temps pour faire le tour complet de la planète Mandico. Avant sa prochaine révolution.
Plus d’infos sur le site du réalisateur : bertrandmandico.com