« Mon Père », le film péruvien qui va vous bouleverser
C'est un des films les plus bouleversants de l'année. Et il vient d'un pays, le Pérou, peu connu pour son cinéma. « Mon Père », d’Alvaro Delgado-Aparicio, primé à Berlin du Teddy Award du meilleur premier film, est un chef d'œuvre d'émotion.
Ce film conte l’histoire de Segundo, un adolescent qui vit dans un village un peu perdu de la cordillère des Andes et qui apprend aux côtés de son père un métier d’artisanat d’art typiquement péruvien, celui du retable. C’est l’une des découvertes cinématographiques les plus bouleversantes de cette année. Komitid vous dit pourquoi, en essayant d’éviter tout spoiler. Il ne faut pas passer à côté de Mon Père !
Parce que la relation père-fils est inédite et émouvante
Dès les premières images, ce premier film d’Alvaro Delgado-Aparicio nous plonge au cœur de la transmission, de l’héritage dans la vie d’une famille d’artisans. Le jeune Segundo assiste son père, Noé, dans son travail quotidien qui consiste à restituer, en créant décors et figurines, des scènes traditionnelles, religieuses ou païennes, ou des événements particulièrement marquants de la vie quotidienne à la demande des villageois. L’art du retable est une tradition ancestrale de cette région du Pérou et on peut aisément comprendre ce qui a séduit le cinéaste Alvaro Delgado-Aparicio dans ce qu’elle a de commun avec le cinéma : l’art de la mise en scène. La relation entre Noé et Segundo est traitée avec une infinie douceur. C’est par l’apprentissage de ces gestes d’artisanat traditionnel, précis et mesurés, qu’une forme de dialogue presque silencieux s’établit, qu’une connexion opère entre père et fils. C’est tout le quotidien de ce tandem qui va être bouleversé par la découverte d’un secret dont les conséquences vont affecter la vie de toute la famille.
Parce que l’homophobie est au cœur de l’intrigue
Le secret, que nous n’évoquerons pas ici pour préserver sa découverte à la vision du film mais qui repose sur des mécanismes bien connus (l’homosexualité vs l’homophobie, l’individu face à la communauté), va jouer un rôle d’accélérateur des sentiments les plus forts et les plus violents. Ce petit monde, cette vie de village où tout est codifié et dans laquelle chacun a un rôle social préétabli, va prendre l’allure d’un retable qui aurait été détruit, vandalisé, mettant à mal les relations entre les uns et les autres, brisant l’organisation même de cette microsociété un peu hors du monde et hors du temps, qui se complaisait jusqu’alors dans une harmonie souriante de façade. La vie ne sera plus jamais la même. Mais le plus fort, le plus émouvant, ce qui fait battre le cœur, c’est la façon dont les relations entre le père et le fils va être bousculée, redéfinie et renforcée.
Parce que vous n’avez (presque) jamais vu de film péruvien
Pays de 30 millions d’habitants, dont le tiers vit à Lima la capitale, le Pérou produit très peu de films. Depuis le mitan des années 2000, une jeune génération de cinéastes renouvelle un peu l’offre et connaît enfin un écho international. On peut citer Claudia Llosa avec Madeinusa, Ours d’or à Berlin en 2006 et nommé aux Oscars par la suite, les frères Daniel et Diego Vega qui ont obtenu le prix du jury « Un certain regard » à Cannes en 2010 avec Octobre, ou encore le film queer Contracorriente, romance entre un artiste peintre gay et un homme marié à une femme qui attend leur premier enfant, réalisé par Javier Fuentes- León et qui a, en 2009, remporté de nombreuses distinctions à travers le monde (Prix LGBT à San Sebastian, prix du jury et du public au festival de Sundance ou encore prix spécial au célèbre festival OutFest de Los Angeles).
Alvaro Delgado-Aparicio, le réalisateur de Mon Père, a bénéficié, après deux courts métrages, du Sundance Program Film Lab et de participations financières norvégienne et allemande pour développer ce premier long métrage qui a notamment reçu le Teddy Award du meilleur premier film lors du dernier festival de Berlin. Des coups de pouce qui permettent au film de voyager et de rencontrer le public, notamment en France depuis mercredi dernier. Les linguistes noteront le choix de privilégier le quechua (une des langues officielles du Pérou avec l’espagnol) dans un souci de réalisme, l’intrigue prenant place dans une région des Andes où cette langue est encore majoritairement utilisée. Une raison de plus pour apprécier l’authenticité de ce récit et la force de son propos assez inédit.
Mon Père
Drame – Pérou/Allemagne/Norvège – 2017– 1h41
Réalisation : Alvaro Delgado-Aparicio
Distribution : Junior Béjar, Amiel Cayo, Magaly Solier, Hermelinda Luján, …
En salles depuis le 19 décembre 2018
- « Hard Paint » sacré meilleur film LGBT+ aux Teddy Awards à Berlin
- « Un adolescent à New York », plongée dans les jeunes années de l’artiste culte africain américain Jean-Michel Basquiat
- Benjamin Voisin, le jeune français qui séduit Oscar Wilde dans « The Happy Prince »
- Rupert Everett, réalisateur de « The Happy Prince » : « Pour moi, en tant qu’homosexuel, Oscar Wilde c’est comme un Christ »
-
phil86
Merci de m’avoir fait connaître ce film bouleversant un vrai petit bijou un des meilleurs films à thématique lgbt que j’aie jamais vu