« Baby It's Cold Outside » : Rain Dove et Rose McGowan se mettent en scène contre la culture du viol
Le couple queer nous explique pourquoi il faut laisser définitivement ce classique de Noël dans le froid de 2018 avec une vidéo glaçante.
Baby It’s Cold Outside, chanson rendue populaire par le film La Fille de Neptune en 1948, est un grand classique des playlists de décembre. Pourtant, depuis plusieurs années, les activistes féministes appellent à prêter une attention particulière aux paroles de cette musique de Noël qui glamourisent la culture du viol.
Écrite pour une voix de femme et une voix d’homme, Baby It’s Cold Outside raconte la fin d’un rendez-vous galant hivernal. La protagoniste s’évertue à essayer de faire comprendre à son soupirant qu’elle souhaite partir. Mais ce dernier la retient malgré ses « non » répétés, au prétexte qu’il fait bien trop froid dehors pour qu’elle s’en aille, non sans sous-entendus sur ses désirs.
Face à la lecture féministe de ce tube, plusieurs radios américaines ont cessé de diffuser Baby It’s Cold Outside, mais beaucoup préfèrent encore l’ignorer pour se lover dans son enveloppante mélodie jazzy sans s’embarrasser de gênantes interrogations. Qu’à cela ne tienne, le mannequin non-binaire Rain Dove et sa compagne Rose McGowan, figure de proue du mouvement #MeToo lancé par Tarana Burke, ont décidé d’en réciter le texte sans accompagnement musical, comme si la scène faisait partie d’un film sorti en 2018.
Vous n’êtes pas prêt.e.s pour la session de cringe qui suit…
Voilà l’interprétation malaisante qu’il fallait pour convaincre les dernières personnes à défendre le hit de Noël de sortir du déni ! Afin d’aller plus loin dans leur démarche de sensibilisation aux agressions sexuelles et au viol, Rose McGowan et Rain Dove ont publié une seconde vidéo qui va plus loin dans l’explication de texte. Et de contexte.
Le consentement, une simple affaire d’époque ?
Il faut dire que lorsque Baby It’s Cold Outside a été écrite par Frank Loesser en 1944 (à l’origine, pour son épouse), elle était vue comme progressiste. Elle invite en effet les hétéros (bien que des reprises queers aient marqué d’autres époques depuis) à se moquer du qu’en-dira-t-on dans le voisinage en faisant ce qu’il leur plaît, peu importe leur statut matrimonial.
Enlevez l’excuse historique et la musique et il apparaît aujourd’hui impossible d’ignorer que les paroles légitiment le fait d’outrepasser le consentement d’autrui. « Les paroles semblent avoir mal vieilli, même si elles résultent de bonnes intentions », explique Rain Dove en réponse à un extrait vidéo où Susan Loesser, la fille de l’auteur, défend l’œuvre « sur le flirt » de son père.
On peut plus rien… écouter ?
Oui, il est très désagréable de s’asseoir sur sa tranquillité d’esprit en analysant certaines choses avec un regard « moderne ». En particulier lorsqu’il s’agit d’une chanson doudou, indissociable des fêtes de fin d’année. La bonne nouvelle, c’est qu’on a de la place pour bien d’autres hymnes de Noël ! Dont quelques perles queers qui ont trop longtemps été sous estimées, comme par exemple Homo Christmas de Pansy Division.
Ou encore la version lesbienne (et homoparentale !) de I Saw Mommy Kissing Santa Claus, par le couple Danielle LoPresti et Alicia Champion.
Et puis dans le doute, il y a toujours les incontournables Maria Carey, Ariana Grande et Queen. Haut les chœurs !
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