« Le Retour de Mary Poppins », « Wildlife », « The Bookshop » : notre critique ciné de la semaine
C'est bientôt Noël et les studios Disney misent gros avec le retour de la super nounou Mary Poppins. Alors, copie conforme ou « supercalifragilisticexpialidocious ». A vous de juger !
Le Retour de Mary Poppins
Réalisation : Rob Marshall
Comédie Musicale/Famille – Etats-Unis – 2018
Distribution : Emily Blunt (Mary Poppins), Ben Whishaw (Michael Banks), Lin-Manuel Miranda (Jack), Emily Mortimer (Jane Banks), Colin Firth (William Weatherall Wilkins), Meryl Streep (Topsy), Dick van Dyke (monsieur Dawes Jr), Angela Lansbury (la dame aux ballons)
Note : 4/5
Devenus adultes, Michael et Jane Banks vivent toujours dans leur demeure de Cherry Tree Lane. Lorsqu’il doivent faire face à un gros problème financier, Mary Poppins, la prodigieuse nounou de leur enfance, réapparaît pour les aider…
Miraaaaacle ! Ce qui aurait pu être un désastre qui aurait ruiné les doux souvenirs de plusieurs générations de nanny-philes, est au contraire une flamboyante réussite ! Un poil plus pimbêche, Emily Blunt réussit l’exploit de succéder à Julie Andrews sans être dans l’imitation. Cet écueil majeur finement contourné, cette suite virevoltante mêlant prises de vue réelles et animation traditionnelle, ne trahit jamais l’esprit original du classique absolu de 1964. Orchestré d’une main de maître, le film nous offre une succession de fantaisies musicales parfaitement chorégraphiées rappelant que la magie Disney n’est pas morte avec son créateur, ni avec l’ère du tout numérique.
Wildlife – Une saison ardente
Réalisation : Paul Dano
Drame – Etats-Unis – 2018
Distribution : Carey Mulligan (Jeanette Brinson), Ed Oxenbould (Joe Brinson), Jake Gyllenhaal (Jerry Brinson), Bill Camp (Warren Miller), Zoe Margaret Colletti (Ruth-Ann)
En 1960, Joe a 14 ans et vit avec ses parents dans une petite ville du Montana. Il assiste à la fin de leur couple.
Note : 3,5/5
Passer d’acteur à cinéaste n’est pas chose aisée, et beaucoup s’y sont cassé les dents. Paul Dano, lui, relève brillamment le défi. Avec sa compagne, l’actrice Zoe Kazan, il a co-adapté le roman de Richard Ford, Une saison ardente, paru en 1990. Avec finesse et sensibilité, il observe le tourment d’un adolescent pris entre deux feux, malheureux témoin de la lente séparation de ses parents. Le jeune australien Ed Oxenbould qui incarne Joe est formidable, tout comme Carey Mulligan, qui trouve ici l’un de ses plus beaux rôles. Plutôt classique et modeste, Wildlife n’en est pas moins maitrisé et d’une grande justesse. Pour une première œuvre, c’est remarquable et extrêmement prometteur.
The Bookshop
Réalisation : Isabel Coixet
Drame – Royaume-Uni – 2018
Distribution : Emily Mortimer (Florence Green), Bill Nighy (Edmund Brundish), Patricia Clarkson (Violet Gamart),
Honor Kneafsey (Christine), James Lance (Milo North), Reg Wilson (le général Gamart), Nigel O’Neill (monsieur Deben), Hunter Tremayne (monsieur Keble)
En 1959, Florence Green décide de racheter The Old House, une bâtisse à Hardborough, une village du nord de l’Angleterre. Elle a pour ambition d’en faire une librairie, mais Violet Gamart ne l’entend pas de cette oreille…
Note : 3,5/5
Récompensé de trois Goya (les César espagnols), The Bookshop a ce charme désuet et très anglais qui donne envie d’une tasse de thé accompagnée d’une part de cake. La réalisatrice catalane opte pour un rythme lent, en adéquation avec celui de cette charmante bourgade de bord de mer. S’il peut paraitre trop académique, il sied finalement bien à cette lutte des classes feutrée qui se joue entre une notable sournoise et une veuve opiniâtre amoureuse des livres. Emily Mortimer (également à l’affiche de Mary Poppins !), fidèle à elle-même, délivre une composition subtile, même si son personnage manque un peu de mordant. Comme très souvent au cinéma, il s’agit de l’adaptation d’un roman, en l’occurrence celui de Penelope Fitzgerald, publié en 1994.
Également à l’affiche cette semaine
Le Gendre de ma vie (réalisé par François Desagnat) : Stéphane et Suzanne sont parents de trois grandes filles. Sa frustration de ne pas avoir eu de fils le rend très envahissant envers leurs petits amis. Une comédie sans envergure, mais agréable et plutôt drôle, grâce, entre autres, à Zabou Breitman, pétillante dans son personnage d’obstétricienne lesbienne.
Maya (réalisé par Mia Hansen-Løve) : Gabriel, reporter de guerre, est libéré après plusieurs mois de captivité en Syrie. Pour se remettre, il part à Goa où Il rencontre Maya, la fille de son parrain. Subtil portrait d’un homme brisé qui tente de se reconstruire grâce à l’éloignement et à l’amour. Un beau voyage mélancolique, entre gravité et contemplation.
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