« Une affaire de famille », « Mortal Engines », « Utøya, 22 juillet » : notre critique ciné de la semaine
La Palme d'or à Cannes arrive sur les écrans cette semaine ainsi qu'un drame sur la tuerie d'Utøya en Norvège, perpétrée par un militant d'extrême-droite en 2011.
Une affaire de famille
Réalisation : Hirokazu Kore-Eda
Drame – Japon – 2018
Distribution : Lily Franky (Osamu Shibata), Sakura Ando (Nobuyo Shibata), Mayu Matsuoka (Aki Shibata), Kirin Kiki (Hatsue Shibata, la grand-mère), Jyo Kairi (Shota Shibata), Miyu Sasaki (Juri)
Osamu et son fils Shota recueillent Juri, une petite fille délaissée par ses parents. Ce qui devait durer le temps d’une nuit va finalement se prolonger quand sa femme Nobuyo comprend que l’enfant est maltraitée.
Note : 4/5
Hirokazu Kore-Eda, bien connu chez nous pour ses drames, chefs-d’œuvre de sensibilité, revient en force et offre au monde une nouvelle pépite abordant son sujet de prédilection : la famille. Ou plutôt les familles, puisque sa filmo n’a eu de cesse de radiographier les foyers non conventionnels de son pays. Avec son empathie coutumière, le cinéaste observe cette fois les rapports bienveillants des membres d’un clan adorablement marginal. Son écriture délicate dévoile peu à peu leurs fêlures et secrets, par touches légères ou plus graves. Le jury du Festival de Cannes ne s’y est pas trompé, et a décerné La Palme d’Or – du cœur, même, pourrait-on dire – à cette émouvante fable sociale douce-amère. Et, pour une fois, c’est amplement méritée.
Mortal Engines
Réalisation : Christian Rivers
Fantastique/Science-Fiction – Etat-Unis – 2018
Distribution : Hera Hilmar (Hester Shaw), Robert Sheehan (Tom Natsworthy), Hugo Weaving (Thaddeus Valentine), Leila George (Katherine Valentine) Jihae (Anna Fang), Ronan Raftery (Bevis Pod), Stephen Lang (Shrike), Colin Salmon (Chudleigh Pomeroy)
Après qu’un guerre apocalyptique ait détruit l’humanité, des locomopoles, gigantesques villes-tanks ambulantes, errent sur Terre en s’entre-dévorant les unes les autres, afin de prendre le pouvoir.
Note : 3,5/5
Dans un grand shaker, mélangez les univers du Seigneur des Anneaux, Star Wars, et du Château Ambulant. Ajoutez-y un zest de Mad Max et une lichette de Terminator. Secouez fort et vous obtenez un blockbuster ambitieux visuellement très riche. Et ce n’est pas étonnant, puisque c’est le maître des effets spéciaux Christian Rivers (oscarisé pour ceux de King Kong en 2005) qui est aux manettes. Pour sa première réalisation, il adapte le roman de Philip Reeve (également connu sous le titre Mécaniques fatales). Résolument destinée aux Young Adults, cette fiction industrielle démente, et véritable démonstration numérique, a toute les chances de cartonner pour les fêtes.
Utøya, 22 juillet
Réalisation : Erik Poppe
Norvège – Drame – 2018 Distribution : Andrea Berntzen (Kaja), Aleksander Holmen (Magnus), Elli Rhiannon Müller Osbourne (Emilie), Brede Fristad (Petter), Ada Eide (Caroline), Ingeborg Enes (Kristine), Sorosh Sadat (Issa), Solveig Koloen Birkeland (la jeune fille blessée)
Le 22 juillet 2011, sur l’île d’Utøya en Norvège, un homme ouvre le feu dans un camp d‘été organisé par la Ligue des jeunes travaillistes.
Note : 4/5
Personne n’a oublié la tuerie de Utøya qui a coûté la vie à 77 personnes et fait 99 blessé.e.s graves. En se fondant sur les témoignages des victimes, Erik Poppe a minutieusement reconstitué les faits tels qu’ils se sont déroulés. En un unique plan séquence virtuose et anxiogène, la plongée dans l’horreur en temps réel est totale, immersive, sensorielle. Le personnage fictif de Kaja, combinaison de plusieurs adolescent.e.s, devient l’incarnation de ceux et celles qui ont subi la folie de Anders Behring Breivik. Cet agresseur, dont on n’apercevra que la silhouette glaçante, dans ce survival d’autant plus implacable qu’il est tristement véridique.
Également à l’affiche cette semaine
Nous, les coyotes (réalisé par Hanna Ladoul et Marco La Via) : Amanda et Jake arrivent dans la Cité des Anges pour commencer une nouvelle vie, mais rien ne se passe comme prévu… Un lumineux film indé, typiquement L.A., où Morgan Saylor et McCaul Lombardi, très naturel.le.s, font forte impression. C’est le premier long-métrage du prometteur couple nîmois qui s’est inspiré de leur propre expérience.
Spider-Man : New Generation (réalisé par Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman) : le jeune Miles Morales devient le nouveau Spider-Man après avoir été piqué par une araignée radioactive. Mais il n’est pas le seul… Retour à la case animation pour le lancement de ce nouveau personnage créé en 2011. Un scénario plein d’action, et un graphisme hybride BD/manga moderne et hyper coloré. Attention les yeux !
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