Un juge russe appelle à ouvrir le mariage aux couples gays et lesbiens en Russie
Une déclaration qui fait du bien aux concerné.e.s, mais qui a peu de chances d'avoir de quelconques répercussions légales au pays de Vladimir Poutine...
Dmitry Dedov, juge russe à la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH), vient de prendre une position symbolique forte. L’homme de loi, qui siège à l’instance juridique internationale depuis 2013, s’est prononcé en faveur du mariage pour les couples de même genre en Russie. « Je pense que le compromis et l’harmonie sociale peuvent se trouver sur la base du respect mutuel des droits humains, en particulier pour les droits des minorités qui ne cherchent pas à promouvoir leur mode de vie, mais cherchent plutôt à faire reconnaître leurs droits civils et à être respectés et protégés par l’État » a affirmé Dmitry Dedov dans une déclaration écrite, rapporte Gay Times.
Le mariage pour tou.te.s comme protection des personnes LGBT+ en Russie ?
« Je parle du droit de créer des relations familiales différentes de la représentation habituelle de l’union entre un homme et une femme. La reconnaissance juridique de tels partenariats peut être un point de départ pour la protection de tous les autres besoins apparaissant généralement entre les membres de la famille », a-t-il complété. Une prise de position inhabituelle pour un magistrat russe, qui, dans son pays d’origine, pourrait tomber sous le coup de la loi dite contre la « propagande homosexuelle ». Celle-ci interdit de parler de manière positive des « orientations non-traditionnelles » devant des mineurs et a pour conséquence de silencier les personnes LGBT+ depuis 2013 dans tout le pays.
Le juge Dedov n’a pas laissé au hasard le timing de cette déclaration. La CEDH a en effet rendu un important jugement le 27 novembre, concernant 51 requêtes déposées par 7 activistes LGBT+ russes, notamment au sujet de l’interdiction des prides et autres rassemblements communautaires arc-en-ciel. La Cour garante de la Convention européenne des droits de l’homme, n’a pas accordé les dédommagements financiers demandés par les militant.e.s, mais elle a acté que ces interdictions de se rassembler en public n’étaient « pas nécessaires » à une société démocratique. « La Cour estime également que les plaignant.e.s ont souffert de discriminations injustifiées en raison de leur orientation sexuelle, discrimination incompatible avec les standards de la Convention, et qu’elles se sont vu refuser un recours sur place pour pouvoir se plaindre de cette violation de leur liberté de réunion », peut-on lire dans le compte rendu.
Un espoir dont la concrétisation est loin d’être à l’ordre
Interrogé par Kommersant, l’avocat russe Sergei Golubok a commenté les propos du Dmitry Dedov : « C’est une opinion particulière. Cette prise de position du juge n’est pas en accord avec le sentiment de la majorité ni, avec ses motivations. On peut invoquer ces propos mais ils n’ont aucune conséquence juridique ». Une opinion confirmée par Oksana Pushkina, siégeant au comité des affaires familiales de la Douma (chambre basse du parlement russe), qui estime que face « valeurs traditionnelles » de la Russie, une telle idée ne peut pas « s’enraciner dans un avenir prévisible ».
Bien que la déclaration du juge Dedov ait fait le tour des pages et groupes d’activistes et d’associations LGBT+ russes, tout soutien étant le bienvenu, l’humeur n’y est guère plus optimiste. « De quel genre d’unions entre personnes de même genre peut-on discuter alors que nous sommes actuellement privé.e.s de droits civils fondamentaux tels que la liberté de réunion ? », a réagi Igor Kochetkov, président du Réseau Russe LGBT dans une interview lui aussi accordée au site Kommersant.
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expat
Tant que Putin sera à la tête de la Russie, rien ne changera… Et il n’est pas prêt de quitter le pouvoir. J’espère qu’un jour, les russes arriveront à se débarrasser de Putin et de ses sbires… De toute façon, tôt ou tard, les dictateurs finissent par tomber.