« Les Chatouilles», «Millenium, ce qui ne me tue pas » et « Suspiria »: notre critique ciné de la semaine
Un drame sur la pédophilie, la suite des aventures de Lisbeth Salander et le quasi-remake d'un film culte. Et si vous alliez voir les trois?
Les Chatouilles
Réalisation : Andréa Bescond et Éric Métayer
Drame – France – 2018
Distribution : Andréa Bescond (Odette), Cyrille Mairesse (Odette enfant), Karin Viard (Mado Le Nadant), Clovis Cornillac (Fabrice Le Nadant), Pierre Deladonchamps (Gilbert Miguié), Grégory Montel (Lenny), Carole Franck (la psychologue), Gringe (Manu), Ariane Ascaride (madame Maloc)
Odette a huit ans quand elle est abusée par un ami de ses parents. Devenue adulte, elle consulte une psy pour tenter de se reconstruire et reprendre sa vie en main.
Note : 4/5
Après avoir été couronnée du Molière 2016, dans la catégorie seule en scène, Andréa Bescond et son mari transposent à l’écran leur pièce Les Chatouilles ou la danse de la colère. En résulte un film d’une force peu commune, où le mélange des genres est roi. Tour à tour violent, poétique, révoltant, fantaisiste et émouvant. Foutraque et maladroit, pourront penser certains, mais surtout porteur d’espoir. la réalisatrice/autrice/actrice/danseuse met toute son âme, sa rage et son vécu dans cette œuvre singulière – tant sur la forme que sur le fond – qui fera date. Et qui, elle l’espère, fera évoluer la loi sur la prescription des crimes pédophiles.
Millenium : Ce qui ne me tue pas
Réalisation : Fede Alvarez
Thriller – Etats-Unis – 2018
Claire Foy (Lisbeth Salander), Sverrir Gudnason (Mikael Blomkvist), Lakeith Stanfield (Ed Needham), Christopher Convery (August Balder), Sylvia Hoeks (Camilla), Synnøve Macody Lund (Gabriella Grane), Claes Bang (Jan Holster), Cameron Britton (Plague), Stephen Merchant (Balder), Vicky Krieps (Erika)
Lisbeth Salander est sollicitée par un chercheur en intelligence artificielle afin de récupérer un logiciel dangereux. Après l’avoir fait, elle est prise en chasse par des puissances qui veulent aussi mettre la main dessus…
Note : 3,5/5
L’uruguayen Fede Alvarez, à qui l’on doit le remake gore de Evil Dead (2013), s’attaque au thriller nordique. Après Noomi Rapace et Rooney Mara, c’est au tour de l’anglaise Claire Foy de se glisser dans la peau de la revêche Lisbeth Salander. Elle livre une belle performance et arrive presque à nous faire oublier sa collègue suédoise. Qui aurait cru que celle qui incarne la reine Elizabeth II dans la série The Crown puisse également botter le cul de méchants terroristes avec une telle maîtrise des arts martiaux ? Malgré quelques petites incohérences ici et là, ce thriller technologique sans génie, mais sans temps mort, s’avère d’une redoutable efficacité. Et cerise sur le Kanel-äppelkaka, Andreja Pejic, célébrissime mannequin trans, y fait ses premiers pas au cinéma !
Suspiria
Réalisation : Luca Guadagnino
Épouvante / Horreur – Italie/États-Unis – 2018
Distribution : Dakota Johnson (Susie Bannion), Tilda Swinton (Madame Blanc), Mia Goth (Sara), Chloë Grace Moretz (Patricia), Angela Winkler (mademoiselle Tanner), Sylvie Testud (mademoiselle Griffith), Jessica Harper (Anke)
Berlin, 1977. La jeune danseuse américaine Susie Bannion arrive à la compagnie de danse Helena Markos dans l’espoir de l’intégrer. Son audition convainc Madame Blanc qui l’engage, mais des choses étranges semblent se passer dans cette académie…
Note : 3,5/5
Le réalisateur palermitain du déjà classique Call me by your name veut nous faire frissonner et, pour ce faire, retrouve ses deux actrices fétiches, Dakota Johnson en danseuse est étonnante et la fascinante Tilda Swindon. Il les entraîne cette fois dans un film de genre all’italiana. Ce n’est pas un remake à proprement parler, mais plutôt une relecture du film culte du non moins culte Dario Argento. Un hommage au cinéma transalpin de cette époque, pourrait-on même dire, tant les mouvements de caméra, les couleurs et les effets de style sont plus vrais que nature. Cette histoire de sorcières et LA fameuse scène de danse macabre sont kitsch à souhait, les fans de gialli horrifiques seront aux anges. Last but not least, Jessica Harper, la Susie du film original, fait même une apparition dans un petit rôle.
Également à l’affiche cette semaine :
« Mon cher enfant » (Réalisation : Mohamed Ben Attia) : Riadh va bientôt prendre sa retraite alors que son fils de 19 ans est sur le point de passer son baccalauréat. Mais deux jours avant, le jeune homme disparait… À l’image de son précédent film Hedi, un vent de liberté, ce drame tunisien sensible sur sujet brûlant est formidablement interprété, et touche au cœur.
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