Le candidat d'extrême droite Jair Bolsonaro élu président au Brésil : colère, désarroi et solidarité sur les réseaux sociaux
Ouvertement LGBTphobe, la victoire du leader populiste inquiète les personnes LGBT+ brésiliennes. Depuis l'annonce des résultats, une pluie de réactions angoissées s'est abattue sur les réseaux sociaux.
Sa victoire était attendue mais elle n’en est pas moins un choc. Ce dimanche 28 octobre au soir, le candidat Jair Bolsonaro a été élu, avec 55,1 % des votes, président du Brésil. Le plus grand pays d’Amérique du Sud est désormais aux mains d’une extrême droite qui ne cache pas ses postures LGBTphobes, racistes et misogynes. Jair Bolsonaro a enchaîné les déclarations anti-LGBT+, avant et pendant la campagne présidentielle et avait notamment expliqué en 2011 qu’il n’accepterait pas que son fils soit homosexuel, préférant le voir « mourir dans un accident de voiture ».
Si le programme de l’homme de 63 ans ne fait pas directement mention des personnes LGBT+, ses propos incendiaires font craindre une flambée des violences hétéronormatives. D’après les associations locales, 455 personnes ont été assassinées pour leur identité de genre ou leur orientation sexuelle depuis le début de l’année. Les médias brésiliens rapportent de nombreux cas de violences LGBTphobes de la part de supporteurs et supportrices de Jair Bolsonaro. Le candidat avait tenté d’assouplir un peu son discours, déclarant dans l’entre deux-tours qu’il « gouvernerait aussi pour les gays ». Une déclaration qui n’avait en rien rassuré les personnes queers brésiliennes.
« Le combat n’est jamais terminé »
Après une première vague d’agressions homophobes, racistes et « anti-gauchistes » à la gloire du leader populiste après le premier tour, les minorités du pays oscillent entre peur et résistance anti-extrême droite. Sur les réseaux sociaux, les réactions de concerné.e.s pullulent. Maira Reis journaliste et militante LGBT+, déjà interrogée par Komitid en amont du second tour de l’élection, s’est montrée résignée mais combattive. « Le combat n’est jamais terminé », a-t-elle posté sur Facebook après l’annonce du résultat, tandis que les partisans de Jair Bolsonaro lançaient des feux d’artifice dans la rue.
« Aujourd’hui, nous avons gagné quelque chose ». Pour Ronaldo Serruya, comédien et activiste queer également interviewé par Komitid, le verre est à moitié plein. En colère mais plein d’espoir, il argue que la prise de conscience est tangible dans le pays et que le fait de se savoir si nombreux.ses était une force qui permettrait d’éviter un retour au placard. « Je ne pensais pas que tout ça serait si libérateur », a-t-il commenté dans un statut.
D’autres internautes passent par l’humour noir pour affronter la nouvelle, se demandant non sans grincement s’il leur faudra désormais saluer ses compatriotes d’une poignée de main, ou bien d’un salut nazi.
Un raz-de-marée de réactions également porté sur le devoir de mémoire. De nombreuses personnes ont en effet rappelé les combats de Marielle Franco, élue féministe, noire et bisexuelle, assassinée au mois de mars 2018, invitant la population brésilienne à s’inspirer de son courage.
Soutien international face à la montée du néo-fascisme au Brésil
L’élection de Jair Bolsonaro n’inquiète pas que les résident.e.s du Brésil. Partout dans le monde, des personnalités, des politiques, des associations et des militant.e.s ont pris leur plume virtuelle pour exprimer leur solidarité envers les minorités racisées, natives, LGBT+ et engagées qui sont officiellement dans le viseur de l’homme d’extrême droite. Le tout, au son de Bella Ciao et de I Will Survive.
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