Les États-Unis rendent aujourd'hui hommage à Matthew Shepard, lâchement assassiné il y a 20 ans parce que gay
Les cendres de ce jeune homme sauvagement assassiné en 1998 parce qu'il était gay vont entrer ce vendredi 26 octobre en la cathédrale de Washington. Un geste fort dans une Amérique où les droits des personnes LGBT+ sont chaque jour un peu plus remis en question.
Vingt ans. Le 12 octobre 1998, Matthew Shepard décède à l’hôpital, quelques jours après avoir été frappé, torturé et laissé attaché à une clôture parce que gay. Ce vendredi 26 octobre s’inscrit comme une journée très importante pour honorer sa mémoire : un hommage national lui sera rendu dans le cadre de l’accueil de ses cendres en la cathédrale épiscopalienne de Washington.
Étudiant en sciences politiques à l’université du Wyoming, Matthew aspirait à devenir diplomate. Il avait 21 ans le 6 octobre 1998 lorsque, seul dans un bar, le Fireside Bar à Laramie dans l’état du Wyoming, il est piégé par deux hommes qui se font passer pour des homosexuels. Ils parviennent ainsi à le convaincre de monter en voiture avec eux. S’enchaînent alors des événements tragiques : le jeune Matthew est dépouillé, frappé à coup de crosse de revolver au visage, sur la tête et laissé attaché à une clôture par un froid glacial. Il ne sera retrouvé que 18 heures plus tard, totalement inconscient, par un cycliste. Matthew ne s’en sortira pas et décèdera le 12 octobre à l’hôpital des suites de ses blessures.
Dix ans plus tard, une loi est enfin signée
Cette mort tragique, perpétrée en raison de l’orientation sexuelle, a provoqué une vague d’émotion à travers tout le pays. Ce meurtre a très vite été érigé comme symbole des violences et des crimes de haine commis envers les personnes LGBT+. Les multiples veillées où chacun.e venait avec une bougie et les manifestations organisées à travers le pays ont été des moments forts pour exprimer la volonté de durcir la loi punissant les crimes de haine au niveau fédéral. Le président de l’époque, Bill Clinton, avait exhorté la Chambre des représentants à agir.
Ce n’est que plus de dix ans plus tard, en 2009, que Barack Obama, président des États-Unis, a signé la loi portant notamment le nom de Matthew Shepard : le Matthew Shepard and James Byrd, Jr. Hate Crimes Prevention Act, incluant l’orientation sexuelle et l’identité de genre, réelle ou présumée de la victime, dans les crimes liés à une discrimination. James Byrd, un afro-américain en situation de handicap, dont le nom figure aussi dans l’intitulé de cette loi, avait lui aussi était assassiné en 1998 parce que noir.
Un symbole fort dans l’Amérique de Trump
« La mort de Matthew fut incroyablement tragique, mais elle a aussi provoqué le début de beaucoup de changements et un éveil des consciences dans ce pays autour des injustices faites aux personnes LGBT à travers la nation », a souligné auprès de l’AFP le doyen de la cathédrale de Washington, Randy Hollerith.
Quant à la volonté d’accueillir les cendres de Matthew en la cathédrale épiscopalienne de Washington, elle émane de Gene Robinson, le premier évêque américain ouvertement gay, également proche de la famille Shepard.
Cet hommage s’inscrit comme un symbole très fort dans une Amérique dirigée par Donald Trump, fervent opposant aux droits des personnes LGBT+. « Il y a eu régression avec ce gouvernement, nous le voyons tous les jours dans les médias », a témoigné Sara Grossman, la responsable de la communication de la fondation Matthew Shepard (Matthew Shepard Foundation), auprès de l’AFP. « Nous sommes extrêmement inquiets. Nous avons fait des progrès, mais ce n’est pas parfait », a-t-elle souligné. En témoigne la « gay panic defense » ou « trans panic defense », encore utilisée aujourd’hui comme argument de légitime défense dans des affaires d’assassinat de personnes LGBT+.
La cérémonie sera diffusée en direct sur le site de la cathédrale, à partir de 10 heures (heure locale).
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