SOS Amitié, pas si amicale que cela avec les LGBT+ ?
Komitid a enquêté sur un des poids lourds de l'écoute et a recueilli des témoignages sur l'accueil pas toujours bienveillant des personnes LGBT+.
À l’heure de la multiplication des vidéos YouTube explicatives sur la transidentité ou la culture queer, des longs threads plein de gifs d’encouragement sur Twitter et des groupes Facebook spécialisés par communauté, le téléphone, ça paraît un peu dépassé. Et pourtant. Pour les plus isolé.e.s, échanger en parfait anonymat sur SOS Amitié avec une voix compatissante au bout du fil peut permettre d’évacuer des idées suicidaires, des angoisses ou de discuter de sujets impossibles à aborder avec des proches ou des soignant.e.s.
Avec près de 700 000 appels reçus par an, SOS Amitié est un des poids lourds du secteur des plateformes d’écoute bénévoles et anonymes. Si elle est reconnue d’utilité publique en matière de prévention du suicide, l’association a encore des efforts à faire sur la formation de ses membres sur les questions LGBT+.
Première occurrence de recherche quand on tape « suicide » dans un moteur de recherche, SOS Amitié se positionne loin devant Suicide écoute et SOS suicide phénix et surtout le 15, et est incontournable. Sa communication s’appuie sur la prévention du suicide par l’écoute anonyme et bienveillante des « écoutant.e.s » vis-à-vis des « appelant.e.s », majoritairement en quête d’une oreille attentive plutôt que de soins. Parmi les chiffres avancés par l’association dans son Observatoire des souffrances psychiques paru en 2017, 43,2 % des appels évoquent ladite souffrance psychique, devant le sentiment de solitude (40,7 %) et les appels directement liés au suicide (3 %).
Les LGBT+ dans l’angle mort
Si les bénévoles sont habitué.e.s aux questionnements sur la sexualité en général (12,2 % des appels) ainsi qu’aux phonophiles (des personnes qui aiment se masturber en écoutant des voix au téléphone), « il n’existe pas de formation spécifique aux questions LGBT+, car la bienveillance et l’écoute envers cette population est incluse dans l’obligation de ne pas porter de jugement sur les appelant.e.s », reconnaît François Motte, le président de SOS Amitié Nord.
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