Sérophobie : 43 % des personnes vivant avec le VIH cachent leur maladie à leurs proches
Manque d'informations et tabou. En 2018, les personnes séropositives peinent toujours à parler de leur statut sérologique à leur entourage et à leur famille.
D’après une étude publiée au mois de septembre par l’institut de sondage Ipsos, et le très décrié laboratoire Gilead Sciences, les personnes séropositives continueraient de vivre avec le poids des non-dits. En effet, 43 % des 200 personnes de 16 ans et plus vivant avec le VIH interrogées « mentiraient » (sic) souvent à leur entourage au sujet de leur maladie. Pour 41 % des personnes sondées, il n’est par exemple pas question d’aborder la question des rendez-vous médicaux ou des traitements avec leurs proches.
Tabous et sérophobie
Sollicité par France Info pour commenter ces chiffres, Joël, bénévole du Crips (Centres régionaux d’information et de prévention du sida), a raconté qu’avoir révélé son statut sérologique l’avait coupé de sa famille, disant qu’une annonce pareille peut provoquer « l’effet d’une bombe ». Le militant a confié s’être entendu dire « tu as fauté, maintenant tu payes » par son cercle familial en 1992, et avoir également été isolé par des comportements sérophobes dans le milieu professionnel. « Même à mon pire ennemi, je ne peux pas souhaiter de vivre ce que j’ai vécu », a-t-il commenté.
Vingt-six ans après, les résultats de cette étude confirment que le tabou, et le manque d’information généralisé sur les questions de VIH auprès du grand public, persiste. Un tiers des personnes interrogées au cours de l’étude affirment ne pas avoir parlé de leur contamination à plus de trois personnes de leur entourage, estimant que « personne ne peut les comprendre ». Retardement ou abandon d’un projet de parentalité, rejet ou report de l’union civile ou du mariage… la vie affective des personnes séropositives entendues pour l’enquête a été fortement impactée. Pour 57 % d’entre elles, le VIH a perturbé leur vie sexuelle.
Profitant de l’effet d’annonce de l’étude et continuant de soigner son image, Gilead a lancé une campagne pour mettre en valeur l’avancée des trithérapies et leur impact positif sur la vie des personnes vivant avec le VIH via le hastag #passelemotpaslevirus.
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phil86
Je suis séropo sous traitement depuis 1999 et aujourd’hui non contaminant mais les mentalités sont restées à la préhistoire ! Alors parler d’indétectabilité qui rend non contaminant c’est parler chinois y compris dans le milieu gay complètement à la ramasse sur le sujet !